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On ne va pas y aller par quatre chemins : pour une partie de la rédaction, surtout me concernant à vrai dire, nous sommes au football ce que les frères Bogdanov sont à la Physique. Une mauvaise plaisanterie. Pourtant, depuis ce début de millénaire, allumant un vieux radio réveil, nous roulons la molette jusqu’au 103.1, RMC, pour écouter, chaque soir, la gouaille d’hommes échangeant sur le football, les tontons flingueurs du ballon rond.

On ne nous enlèvera pas de l’esprit que le football est plus qu’un simple sport. Il permet aux passions de s’exprimer, aux individus de se transporter dans une hystérie cathartique, pour sortir de soi. Dans ce tableau tout droit sorti de l’atelier de Georges Seurat, les avis s’agrègent et on a l’impression que les points de couleur deviennent indistincts, se fondant les uns aux autres. Un homme semble sortir de ce magma de gouache : Daniel Riolo, le gentleman de Ris-Orangis.

Un gladiateur de la dialectique

Rigueur est le maître mot, on cherche d’abord à comprendre puis expliquer avant de s’emporter dans des débats animés avec le collègue Di Meco.

Au détour d’une phrase d’un auditeur trop téméraire, il n’hésite pas à s’emporter, l’invectivant avec fougue, après avoir soigneusement écouté la démonstration de l’inconscient. Jamais rassasié, il incarne toute la noblesse de ce sport. Noblesse il est vrai, davantage envisagée par certains commentateurs de la station que par les joueurs français. La noblesse se dit d’une personne grande, élevée, dans un mélange de générosité, de dépouillement et d’élégance. Celle-ci n’est malheureusement ni transmissible ni héréditaire dans le monde du ballon rond. On ne dissertera pas ici de l’inculture notoire et assumée de la plupart d’entre eux, due à une absence de structures éducatives dignes de ce nom en centre de formation, plus qu’à une volonté des individus de se complaire dans la bêtise.

Mais revenons à Daniel, qui chaque soir ou presque, nous régale de ses théories, remarques, et autres apostrophes fleuries. Comme disait Audiard, avec Daniel, on fait dans le feutré, on reste dans les règles de l’art. Rigueur est le maître mot, on cherche d’abord à comprendre puis expliquer avant de s’emporter dans des débats animés avec le collègue Di Meco. Ce dernier n’est pas en reste, avec son accent marseillais érigé en côte de maille, il fait mieux que résister aux assauts du bonhomme. Dans l’arène, ces fantastiques gladiateurs combattent fièrement sous la houlette du Lanista Brisbois. L’homme parait consensuel à côté de ses guerriers, mais ne nous y trompons pas, il est maître de son domaine : l’After. L’architecte porte l’édifice à bout de bras, composé pour partie, de jingles fort inspirés.

Daniel, l’authentique débatteur

On peut reprocher à cet homme trop fier cette attitude péremptoire absolue, mais c’est surtout pour cela qu’on l’apprécie.

Daniel, lorsqu’on l’écoute, peut être vu comme une version améliorée de nous, celle qu’on aimerait dévoiler aux yeux du monde, celle qui nous porte vers l’être qui serait enfin satisfait de lui-même dans le calme serein d’un studio de radio. Mais l’homme jamais ne s’accommode du confort que lui octroie sa position. Si l’impétueux jouit d’une certaine notoriété, cela ne l’empêche pas de toujours considérer l’auditeur comme son égal. Parfois sec, souvent juste, il tente de réagir, avec une authenticité et un don de soi rarement vus dans le paysage journalistique. Daniel n’a pas encore cette carapace du cynique méprisant le bas peuple radiophonique, même s’il s’insurge sur l’antenne qu’on laisse « parler des idiots pareils ». Au fond, c’est un affectif, et lorsque la mise au point avec le Capitaine Larqué tourne au pugilat sémantique, on écoute un Daniel qui semble atteint, et dont le silence est presque déroutant. On ne l’y reprendra plus, et le voyage du genre humain vers l’idéal se poursuit.

Il agît tel un adepte de la raison pure, s’efforce de retourner à l’origine des choses. La version italienne de Kant. Quand la plupart des journalistes sont dans la réaction, Daniel fait dans la métaphysique. En proie aux critiques, souvent virulentes, il y répond non sans déplaisir, parfois avec un certain mépris.

On peut reprocher à cet homme trop fier cette attitude péremptoire absolue, mais c’est surtout pour cela qu’on l’apprécie. Daniel ne fait aucun compromis avec la vérité, n’essaie pas de plaire ou de déplaire. Il place l’honnêteté morale et intellectuelle au sommet. De plus, il a bon goût. On ne peut s’empêcher d’avoir un sourire en coin lorsque celui-ci nous proclame son amour pour la série Breaking Bad ou Michel Houellebecq. Sans suite dans le débat, mais l’auditeur attentif rassemble les informations. Pour l’instant, elles nous donnent l’image d’un homme intègre, qui garde la tête et le polo Lacoste sur les épaules.

Daniel, c’est avant tout une matière sensible, ne laissant aucune place aux médiocres concessions. Sans artifice, la sincérité est son credo, pour le bonheur des auditeurs. Espérons qu’il gardera cette pureté, car elle émeut et force le respect pour un homme qui a su, jusqu’à présent, rester fidèle à ses principes.

 

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Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

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