Point de chauvinisme primaire ici. Franck Ribéry a littéralement été volé hier soir. Même pas une suprise…
Ainsi le Ballon d’or FIFA a-t-il confirmé son triste statut de plaisanterie aux yeux de pléthore d’observateurs, de récompense du football spectacle au détriment du « vrai » football. Certes, Cristiano Ronaldo a réalisé une saison époustouflante. Certes, il a affolé les compteurs et renversé à lui seul le cours de quantité de matchs sinon mal engagés, en tous les cas très serrés, à grands coups de passes, d’arabesques et de buts décisifs. Sauf qu’il n’a rien gagné, pas même la Coupe du Roi.
Après quatre trophées de suite brandis par Leo Messi, c’est donc la cinquième fois de rang que le football espagnol est récompensé. Domine-t-il à ce point les compétitions européennes ? Est-ce le Barça ou le Real Madrid qui a remporté la dernière Ligue des Champions ? N’ont-ils pas bu le calice jusqu’à la lie face aux deux fers de lance de la Bundesliga en demi-finales de la C1 ?
« On joue au football pour gagner des titres, pas pour évoluer avec le club de son cœur ». Si Jérôme Rothen n’a pas marqué l’histoire du ballon rond, quand bien même il a longtemps été l’un des meilleurs éléments du PSG version Colony Capital, auquel il a voué une fidélité et un amour confinant à l’irrationnel vu les performances du club à l’époque, il n’en a pas moins, dans son autobiographie, expliqué de la façon la plus claire qui soit l’essence même du jeu et le carburant du footballeur professionnel. Ce dernier est évidemment un compétiteur et il joue pour gagner. La victoire finale est sa seule motivation, mais elle n’est manifestement pas celle de la FIFA, dont la propension à maintenir l’opacité tout en changeant d’avis dans des moments tout sauf opportuns commence à agacer.
L’urgence de la réforme du Ballon d’Or
Franck Ribéry a été le meilleur élément du Bayern Munich, le meilleur club européen du moment, celui qui a réalisé un magistral triplé la saison dernière, exécutant au passage le Barça (7-0 au terme des deux matchs de leurs demi-finales) d’un Messi qui, en cette occasion, n’a pas sauvé les Blaugranas du naufrage, mais qui a tout de même récolté plus de votes que lui. Consternant. Franck Ribéry a été redoutable d’efficacité et de constance. Il est aussi, depuis déjà plusieurs saisons, l’idole d’un public bavarois qui en a pourtant vu beaucoup d’autres, de Franz Beckenbauer à Oliver Kahn, de Gert Müller à Manuel Neuer.
Accordons à la FIFA le bénéfice du doute lorsqu’elle affirme que la prolongation des votes après les barrages de la Coupe du Monde, durant lesquels Cristiano Ronaldo a été brillant au point de qualifier son pays presque tout seul, n’a rien changé à l’issue du scrutin. Cela n’empêche pas d’avoir la gueule de bois et de partager le dépit de la gueule cassée du football, moins beau, moins flamboyant, moins vendeur, moins aimé que ses devanciers portugais et argentin, mais qui, lui, a tout raflé.
Que faut-il lui demander de plus ? La FIFA ne devrait-elle pas, une bonne fois pour toutes, se réformer en profondeur ? Attribué à Leo Messi, le Ballon d’Or 2010 aurait dû revenir à Wesley Sneijder, lui aussi auteur d’un triplé qui n’a pas été reconnu à sa juste valeur cette année-là, ou à l’une des deux rampes de lancement espagnole Xavi et Iniesta, lesquels ont tout de même remporté la dernière Coupe du Monde. Celui de 2012 aurait dû être décerné à un joueur espagnol vu la victoire des Ibères à l’Euro. Cela fait tout de même beaucoup en peu de saisons. Cela fait assez pour regretter le Ballon d’Or France Football. Quand il y avait un peu plus de justice – passons sur le sacre de Fabio Cannavaro en 2006 – et moins de polémiques au moment de choisir le roi.