Tout est possible en football, surtout quand les images d’un passé glorieux ressurgit dans les mémoires des plus fervents supporters. Le Barça possède Xavi, Messi et Iniesta. Le PSG a eu la frappe de Vincent Guérin. Retour sur le choc tant attendu de la ligue des Champions 2013.
C’était une autre époque. La première moitié des années 1990. Une période dorée. Quand les arabesques de Ginola, la technique flamboyante de Raï et les réalisations souvent empanachées de Weah faisaient chavirer le Parc des Princes.
C’était le PSG version Canal +, avec un président inspiré nommé Michel Denisot. Un PSG respecté en Europe, capable de renverser le Real Madrid deux fois de suite, en Coupe de l’UEFA puis en Coupe des Coupes, de remporter tous ses matchs de poule en Ligue des Champions puis, en quarts de finale, de battre le… FC Barcelone.
Il n’y avait certes pas encore Messi, Iniesta, Xavi et Puyol, mais il y avait tout de même le Ballon d’or en titre, l’artiste bulgare Hristo Stoïchkov, le Maradona des Carpates Gheorge Hagi, le Hollandais volant Ronald Koeman et son compatriote Johan Cruyff à la baguette. Une très belle équipe donc, finaliste malheureuse de la précédente édition, tenue en échec 1-1 au Camp Nou et battue 2-1 Porte d’Auteuil en avril 1995 au terme d’un march retour irrespirable au cours duquel les Catalans ont ouvert le score après que le PSG ait tiré quatre fois sur les montants (!)
Le héros improbable de cette soirée s’appelle Vincent Guérin, auteur du but de la victoire d’une frappe sèche à ras de terre restée dans bien des mémoires parisiennes. D’autres exploits ont suivi, la victoire 3-1 contre Parme en quarts de finale de la Coupe des Coupes 1995-1996, épreuve remportée par le club de la capitale et qui devait disparaître trois ans plus tard, un cinglant 3-0 au Parc des Princes face à un Liverpool immensément suffisant en demi-finales de l’édition suivante, un incroyable 5-0 devant un Steaua Bucarest comme liquéfié par sa victoire 3-0 sur tapis vert en tour préliminaire de la C1 après que le PSG ait aligné en Roumanie Laurent Fournier, lequel était sous le coup d’une suspension oubliée de tous. Dirigé successivement par Artur Jorge, Luis Fernandez et Ricardo, ce PSG-là a été capable de se hisser cinq fois de suite en demi-finales d’une Coupe d’Europe.
Le come-back du PSG version QSI
Après des années de vaches maigres continentales, le club parisien retrouve le devant de la scène, fort de joueurs de classe mondiale et conduit par un entraîneur qui s’est adjugé des titres prestigieux dans tous les clubs où il est passé. Les investissements mirobolants consentis par les qataris attestent des grands desseins que ces derniers nourrissent et ont fait couler beaucoup d’encre, certains estimant que le PSG a perdu son âme et que la Ligue 1 est désormais faussée, mais l’essentiel est ailleurs : grand club (re)naissant, il va dans quelques jours en découdre avec la meilleure équipe de la planète, qui vient d’infliger une rouste mémorable au Milan AC en huitièmes de finale retour de la Ligue des Champions.
Le premier round se disputera au Parc des Princes, soit un handicap supplémentaire pour l’ambitieux outsider, qui sait toutefois que personne ne lui reprocherait d’être éliminé par Lionel Messi et consorts. Personne n’ose croire en l’exploit. Le Barça serait invincible et c’est tout juste si la double confrontation n’est pas déjà jouée. Salvatore Sirigu, Thiago Silva, Thiago Motta, David Beckham, Jérémy Menez, Javier Pastore, Lucas Moura, Ezequiel Lavezzi et bien sûr Zlatan Ibrahimovic ne sont pourtant pas les premiers venus. Ancien joueur du club, le directeur sportif Leonardo, lui, n’a pas oublié : il était en larmes après la défaite du PSG en finale de la Coupe des Coupes 1996-1997 contre les Catalans, qui comptaient dans leurs rangs des joueurs de la trempe de Luis Figo, Luis Enrique et Ronaldo. Il a une revanche à prendre et le PSG une belle histoire à écrire. Pourquoi pas dès cette année ? Et pourquoi, comme d’autres avant eux, les Blaugranas ne se laisseraient-ils pas à leur tour aller à la suffisance, le pire du sport ?
Chelsea l’an passé, certes avec beaucoup de réussite, mais en croyant dur comme fer en ses forces, a été capable de sortir cette dream team en ayant également le désavantage de recevoir au match aller. L’Inter de Jose Mourinho avait fait de même en 2009-2010. Les hommes de Carlo Ancelotti doivent s’en souvenir. Et garder en mémoire que leurs glorieux aînés ont été eux aussi capables de gagner des rencontres perdues d’avance.
Guillaume DUHAMEL