share on:

Presque sans rien faire, l’ancien ministre des Finances est plus que jamais bien placé pour succéder à François Hollande…

Il a pour lui sa jeunesse, un véritable atout eu égard à cette forte aspiration de nos concitoyens au renouvellement de la classe politique. Une aspiration qui, faut-il le rappeler, a déjà eu raison de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé, ces deux « dinosaures » de la droite classique laminés par François Fillon lors de la primaire des Républicains.

L’ancien banquier de Rothschild bénéficie également des déboires de ce dernier, incapable de se défaire du « Penelope Gate » et que les médias ne lâchent plus d’une semelle. Le chantre du serrage de ceinture et pourfendeur des fonctionnaires, ce « mammouth » que Claude Allègre voulait jadis dégraisser, est acculé, lâché par une partie de son camp et, pendant que sa campagne patine, voit les intentions de vote en sa faveur s’effondrer. En corollaire de son décrochage, Emmanuel Macron monte.

Celui que François Hollande a introduit dans le monde politique bénéficie d’un espace politique rarement vu dans une campagne présidentielle. Alain Juppé out, François Bayrou toujours indécis, il est en mesure de mener une véritable « OPA » sur le centre, la droite de la gauche et la gauche de la droite.

Dans l’hypothèse de sa qualification pour le deuxième tour, il affronterait probablement Marine Le Pen, dont il va sans dire que le réservoir de voix est autrement plus faible.

Exceptionnellement favorable, ce contexte amène Emmanuel Macron à (trop) temporiser, sans doute parce qu’il a bien compris qu’il faut partir à point, mais le fait est que, deux mois avant le scrutin, il n’a toujours pas dévoilé un programme exhaustif et précis, se contentant au moment où nous écrivons ces lignes de quelques propositions en matière de justice (suppression de l’aménagement automatique des peines de prison, construction de 15 000 places de prison sur le quinquennat) !

Laisser les lions se battre entre eux

Il y a quelques jours, il tentait de s’attirer les bonnes grâces de la gauche en dénonçant la colonisation, qu’il est allé jusqu’à qualifier de « crime contre l’humanité », une expression qui a fait bondir certains historiens, essentiellement de droite comme on l’imagine.

Le benjamin de la compétition préfère manifestement laisser les lions s’écharper. Il se place au-dessus de la meute et constate, non sans plaisir, qu’il est largement épargné par les médias dits « mainstream », lesquels semblent avoir fait de lui leur chouchou.

Le candidat à la magistrature suprême a adopté un « train de sénateur » et se contente jusqu’ici de distiller quelques messages. Il y a quelques jours, il tentait de s’attirer les bonnes grâces de la gauche en dénonçant la colonisation, qu’il est allé jusqu’à qualifier de « crime contre l’humanité », une expression qui a fait bondir certains historiens, essentiellement de droite comme on l’imagine.

Il a également pris tout le monde de court et a voulu ménager l’autre bord en affirmant que les opposants au mariage pour tous avaient été « humiliés »… avant de se déclarer, histoire de continuer à entretenir son image d’homme moderne, mais un brin ondoyant tout de même, favorable à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules.

La stratégie de l’ancien locataire de Bercy, qui se sera rapidement émancipé de la tutelle de François Hollande, apparaît décidément bien difficile à décrypter, si tant est qu’il en ait une et qu’elle repose sur autre chose que sur une recherche perpétuelle du buzz.

Une chose est sûre : en ne lui offrant pas le blanc-seing qu’il souhaitait pour mener à bien toutes les réformes du travail auxquelles il croyait, l’exécutif a totalement décomplexé Emmanuel Macron et a jeté les bases de sa légitimité à tenter sa chance. C’est lui qui l’a mis en marche, lui qui, par ses vetos empreints de frilosité, lui a permis de jouer sur la corde sensible de la rupture, et rien aujourd’hui ne semble pouvoir l’arrêter en raison d’un exceptionnel concours de circonstances.

Entre une Marine Le Pen et un Jean-Luc Mélenchon trop clivants, entre un Benoît Hamon certainement trop tendre, et idéologiquement trop proche de l’insoumis précité, et un François Fillon essoré. Dans une France lasse et fatiguée, éprise de renouveau, de nouveauté, de fraîcheur et en quête perpétuelle de ce messie que, sans trop se mouiller, en épigone d’Edouard Balladur, cet enfant de la télé-réalité et pur produit marketing réussit à faire croire qu’il pourrait être…

Liens

Retour sur le #Penelope Gate par Guillaume Duhamel

Les propos de Macron sur la colonisation

Emmanuel Macron sur le mariage pour tous  

Guillaume Duhamel

Guillaume Duhamel

Journaliste financier originellement spécialisé dans le sport et l'écologie. Féru de politique, de géopolitique, de balle jaune et de ballon rond. Info plutôt qu'intox et intérêt marqué pour l'investigation, bien qu'elle soit en voie de disparition.

Laisser un message