Partagez sur "Football – Equipe de France : Deschamps, l’accusation déraisonnable"
Piètre polémiste, Eric Cantona a allumé la première mèche, attribuant les non-sélections d’Hatem Ben Arfa et de Karim Benzema au racisme de Didier Deschamps. Dans un entretien à Marca, ce dernier en a rajouté une couche sur l’atmosphère raciste du pays à laquelle il aurait cédé. Même si la polémique semble anecdotique, elle en dit long sur une France qui créé ses propres problèmes au lieu de résoudre ceux qu’elle a déjà.
Entretemps, Jamel Debbouze a lui aussi regretté l’absence de ces deux joueurs de talent à l’Euro, estimant, fidèle à son image savamment entretenue d’habitant de cité respectueux de ses origines et qui n’aurait pas oublié d’où il vient, qu’ils ont « payé la situation sociale de la France d’aujourd’hui ». Avant de faire amende honorable, se disant surpris par la tournure des événements, plus exactement par la déferlante de commentaires nés de sa sortie peu inspirée. Ces chantres du black-blanc-beurisme n’auraient pu mieux s’y prendre pour nuire ou à tout le moins tenter de semer le trouble sur un sélectionneur qui a autre chose à faire et doit notamment composer avec une cascade de forfaits, en particulier en défense.
Concentré sur sa mission, une victoire finale dans la compétition continentale qui ferait par ailleurs beaucoup de bien à un pays où le climat social est devenu délétère et enchaîne les polémiques stériles comme des perles, Didier Deschamps a préféré ne pas commenter. Parfaire les derniers réglages plutôt que de se justifier, un parti pris d’autant plus compréhensible que l’« EDF » compte dans ses rangs, pour ne citer qu’eux, Blaise Matuidi, Paul Pogba, Dimitri Payet, Kingsley Coman ou encore Anthony Martial, noirs ou métis.
De quoi se dire que les choix qu’effectue « La Dèche » sont – et heureusement – toujours dictés par des considérations sportives. Mais Didier Deschamps a l’obligation d’emmener ses troupes le plus loin possible et, pour ce faire, il doit bâtir un groupe à la cohésion irréprochable, tiré vers le haut par des éléments contrôlables, prévisibles s’agissant du comportement et au-dessus de tout soupçon sur le plan de l’esprit. Cela exclut Karim Benzema, compromis dans la crapoteuse affaire de la sextape de Mathieu Valbuena sur laquelle la justice doit encore statuer, et dont il faut aussi rappeler qu’il n’a « scoré » qu’à vingt-sept reprises avec les Bleus en quatre-vingt-une sélections, soit un ratio d’un but tous les trois matchs très éloigné de ses standards sous la tunique du Real Madrid, avec lequel il vient de remporter sa deuxième Ligue des Champions.
C’est peu de dire, surtout, que l’ancien Lyonnais n’a, jusqu’à son éviction irréversible de l’Euro il y a quelques semaines, pas franchement témoigné d’un amour immodéré de sa sélection et d’une implication irréprochables. On n’oubliera pas, enfin, que Karim Benzema a continué d’être appelé en équipe de France par Didier Deschamps à une époque pas si lointaine où il ne marquait plus. Une réalité sportive oubliée d’Eric Cantona, Jamel Debbouze et accessoirement de l’intéressé, lequel a encore écorné son image en assénant, avec une ingratitude et un aplomb démesurés, à l’opposé de son intelligence profonde, que l’entraîneur, avec qui il entretient de très bons rapports, « cédé à la pression d’une partie raciste de la France ».
Benzema désavoué de toutes parts
« Il dit qu’il aime l’équipe de France, mais j’ai l’impression qu’il l’aime mal. Le timing est très difficile, vous êtes à neuf jours du premier match du championnat d’Europe et cette sortie peut déstabiliser le groupe. »
Fait exceptionnel : SOS Racisme s’est désolidarisé de cette accusation d’un homme coutumier des dérapages et autres maladresses, évoquant tout net un « foutage de gueule », mais aussi l’« égoïsme » et le « narcissisme » de l’attaquant merengue. Un désaveu cinglant de la part d’une association dont les nombreux contempteurs ont souvent dénoncé un anti-racisme sélectif qui profiterait à leurs yeux d’abord à la minorité maghrébine.
Autre champion de la lutte contre les discriminations, Lilian Thuram, qui sait de quoi il parle pour avoir côtoyé « DD » sous le maillot bleu pendant de longues années, a lui aussi épinglé Karim Benzema et, par extension, tous ceux qui ont « chargé » son ancien coéquipier. « Son discours le déresponsabilise, il oublie quand même que s’il n’a pas été sélectionné, c’est parce qu’il a une affaire avec Valbuena », a d’abord rappelé l’ancien capitaine des Bleus sur France Info. Et d’enfoncer le clou : « Il dit qu’il aime l’équipe de France, mais j’ai l’impression qu’il l’aime mal. Le timing est très difficile, vous êtes à neuf jours du premier match du championnat d’Europe et cette sortie peut déstabiliser le groupe. »
Alors que Jamel Debbouze est revenu sur ses propos, Eric Cantona a pour sa part pris le risque de persister, une obstination dont il y a tout lieu de penser qu’elle repose sur un contentieux solide et ancien, entre deux personnalités diamétralement opposées, le sens de la mesure n’ayant quant à lui jamais caractérisé le King d’Old Trafford. Dans un entretien accordé à Libération, « Canto » s’est ainsi interrogé sur l’absence de « dirigeants d’origine maghrébine ou d’Afrique noire » et a estimé que les dirigeants de la Fédération française de football (FFF) « se sont servis de [lui] pour effacer l’ardoise et cette ardoise, c’est l’affaire des quotas». Des propos sidérants à bien des égards. Survenue il y a quatre ans, l’affaire précitée concernait en effet Laurent Blanc, le prédécesseur de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France. De même, l’actuel sélectionneur n’y est pour rien dans la composition de l’organigramme de la FFF. Le plus grotesque réside toutefois dans la menace d’Eric Cantona, provocateur né et accusateur violent, d’« attaquer en justice tous ceux qui ont tenu des propos mensongers et insultants à [son] égard » (!). Cantona serait-il devenu le Gérard Depardieu du football ?
A lui et à tous ceux qui s’en sont pris au plus grand palmarès du football français ces derniers jours, on rappellera enfin que Didier Deschamps aurait très bien pu sélectionner Kevin Gameiro, le blanc, au détriment d’Anthony Martial, le noir, étant donné la saison cinq étoiles réalisées par l’ancien attaquant du PSG avec le FC Séville, vainqueur de la C3 pour la troisième année consécutive. Que c’est Adil Rami, également de nationalité marocaine, qui a été appelé pour remplacer Raphaël Varane, moitié martiniquais, et non le « blanc bec » Loïc Perrin. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage…