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Victor Hugo indiquait qu’il fallait distinguer la raison et le sentiment dans son roman Quatre-vingt treize. Avec le néo-entraîneur parisien rien de tout cela. C’est bien la fusion de ces deux caractéristiques qui le définirait si bien. Portrait d’un homme à part dans un monde à part.

Le football est beau quand il est passionnel. Ce football rempli d’émotions qui nous fait nous lever de nos sièges, nous émeut, nous transporte et nous fait comprendre pourquoi ce sport est mondialisé à ce point. On aime ce foot, les petits ponts de Javier Pastore, les roulettes de Zidane, la magie de Ronaldinho,  l’amour de Totti pour la Roma, les stades turcs, les chants argentins complètement magiques, les larmes de Raï. On aime ce foot passionné et passionnel. Le PSG a la chance d’avoir un homme de cette veine-là, aux antipodes de Laurent Blanc parfois froid et terne. Emery fait rêver, cet homme est beau, obsessionnel, presque possédé par son amour pour le Football. Emery respire, transpire le football, à en devenir autiste. Ses changements comportementaux au bord du terrain, ses mimiques, ses envolées lyriques lorsqu’il parle de tactique ou de concurrence en conférence de presse, tout cela est somptueux. Il transmet ses émotions, on en redemande. Unai Emery c’est un vaste mélange entre l’attitude de Simeone, la folie de Bielsa, parfois l’audace de Zdeněk Zeman.

L’imprévisible, le pétage de plomb maîtrisé. Ce personnage ne laisse personne indifférent et c’est ça que j’aime. J’aime ces entraîneurs qui s’engagent pleinement dans les missions qui leur sont confiées,  avec des choix forts et des réussites comme peuvent le démontrer ses trois Europa League consécutives remportées avec le FC Séville. Ce FC Séville qui n’était pas, sur le papier, un monstre, il en a fait une machine européenne.

Emery et l’obsession du travail 

Il utilise son art comme un laboratoire, avec des résultats exquis. Le football d’Emery est à la fois scientifique et artistique.

Unai Emery est si obsédé par son travail qu’il est capable de demander la construction d’un endroit spécial au camp des loges pour qu’il puisse dormir et travailler afin de préparer tactiquement ses matchs. Ou encore avaler, encore et encore des vidéos de tous les matchs possibles en prenant des notes, même des matchs de divisions inférieures pour engranger, s’inspirer des tactiques, des circuits… Car oui, Unai Emery est un obsédé tactique comme un Georges Perec avec la littérature. Il utilise son art comme un laboratoire, avec des résultats exquis. Le football d’Emery est à la fois scientifique et artistique. Chaque déplacement, chaque passe, chaque souffle doit être maîtrisé et servir le collectif, ce qui rend le foot beau comme un ballet de Marius Petipa. Avec Emery on peut applaudir une contre attaque,  une possession de balle, un ballon récupéré par l’attaquant à son poteau de corner. C’est ça le style d’Emery, s’adapter, perturber, être rempli de surprises, la piñata du ballon rond. Pour arriver à ses fins, Emery est exigeant cela se retrouve chez ses joueurs à qui il demande des efforts importants pour exercer un pressing immense très haut sur le terrain. Emery est un acharné du travail et les matchs, pour lui, sont l’oeuvre d’une semaine d’entraînements réussis. Aucun répit, travail, travail, travail. C’est le maître mot d’Emery. Obsessionnel je vous ai dit.

Des débuts critiqués

Emery est un tacticien passionné, usant parfois de procédés très durs pour tirer le meilleur de ses joueurs. Mais ça encore le football français ne le comprend pas.

Le problème avec le Basque c’est qu’il est arrivé dans un pays qui ne respire pas le foot, qui reste centré sur ses convictions désespérantes. C’est vrai qu’un pays aux deux coupes d’Europe peut se permettre de ne pas se remettre en question. Comme Bielsa ou Ancelotti qui ne sont pas les perdreaux de l’année, ou même Jardim, Emery fera du bien à notre morne ligue 1 engoncée dans ses tactiques prédéfinies et ses semis remorques en guise de défense. Continuez, chers dirigeants, journalistes à critiquer ceux qui font qu’on achète encore nos billets. Deux matchs ratés et Emery est à brûler d’autant plus qu’il met au frigo le chouchou de l’an passé, Hatem Ben Arfa. Comme quoi, notre cercle footballistique français fait peur, laissant place à une triste réalité: sa méconnaissance et son égocentrisme le rendent cadavérique.

La jurisprudence Banega est là pour en témoigner. Après 6 mois au frigo il est devenu l’atout majeur du système du fantasque basque. Emery est différent de Blanc. il a besoin de temps pour imprimer sa patte, son management. Emery est un tacticien passionné, usant parfois de procédés très durs pour tirer le meilleur de ses joueurs. Mais ça encore le football français ne le comprend pas. Il réussira sans doute au PSG, même si ce club est à part laissant parfois une impression de volcan en sommeil. Et deux volcans ensemble peuvent être somptueux. Alors, monsieur Emery, je regarderai votre parcours avec grand intérêt et surtout avec beaucoup d’amour. J’en suis déjà fou.

 

Yorel

Yorel

Éducateur spécialisé dans la région bordelaise. Je jongle entre trois histoires : la littérature, le sport et les femmes. Le reste n'est que futilité.

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