L’immigration, ces derniers temps, en bon marronnier qu’elle est devenue, a refait surface sur la planète média à la fin du mois dernier. Entre la réforme d’Obama, l’arlésienne du vote des étrangers aux élections locales et la réforme du droit d’asile, la coupe est pleine. Cela nous permet ainsi d’évoquer ce sujet explosif, notamment en France, et d’aller contre certains préjugés. Une partie de l’article aura pour référence le récent rapport de l’OCDE sur les flux migratoires dans le monde.
Jose Antonio Vargas. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose, mais cet Américain, prix Pulitzer 2011, a été le fer de lance du mouvement des « documentés ». Ces immigrés, parfaitement intégrés, n’ont pas les documents requis pour rester dans le pays. Ainsi, si celui-ci est un pur produit du pays de l’oncle Sam, cela ne fait que quelques années qu’il est en situation régulière. De son odyssée, il a réalisé un documentaire, « documented », qui revient sur le parcours de millions d’immigrants qui partagent sa situation. Dans une interview donnée à Bloomberg en novembre dernier, il prononce cette phrase : « Les migrants nous montrent concrètement ce qu’est d’être Américain, d’obtenir la nationalité américaine, on doit se battre pour cela, car c’est un honneur ». La citoyenneté américaine est ainsi dynamique et doit se mériter.
Mieux encore, Jose va s’adresser aux Blancs, qui, apparemment, ressentent aussi une discrimination. Il leur donne la parole, chose inimaginable en France. Jose déclare, au delà des clichés, jugements à l’emporte pièce, « Je veux créer un espace sécurisé où les gens peuvent réellement explorer ce thème, sous la forme d’une conversation apaisée ». L’homme a, semble-t-il, un siècle d’avance sur la définition de l’humain. L’absence d’ouverture sur le monde est un mal français.
Sur l’immigration, nos gouvernements successifs ne sont jamais parvenus à avoir un discours cohérent, sur ce concept d’apport au pays d’accueil. Sur cette volonté de s’intégrer à un ensemble, une Histoire qui nous dépasse. Avoir un but commun. La France peut encore rayonner, encore faut-il qu’elle réussisse à s’incarner.
Vive l’immigration !
Cela doit ainsi provoquer un sentiment de continuité, encouragé par une langue et des valeurs partagées. C’est en effet rassurant de pouvoir contempler 1 500 ans d’Histoire et de combat pour la grandeur de notre pays
Doit-on mériter la nationalité française, où celle-ci doit être en quelque sorte « attribuée » à des populations ou des individus en détresse ? La question n’a jamais été tranchée par nos différents leaders politiques. Mais ce qui nous intéresse surtout, dans cette idéalité formelle d’une citoyenneté respectée, d’individus inscrits dans une continuité d’une France « millénaire », c’est leur capacité à vivre cette francité, dans une sensibilité à fleur de peau. Mais les politiques d’immigration n’ont fait qu’accentuer la vision d’un immigré qui profiterait d’un système social généreux, avec le spectre du regroupement familial. Mais on immigre d’abord pour espérer une vie meilleure, pour se réaliser dans un pays donné.
La France se construit depuis un peu plus de 60 ans sur une immigration provenant d’abord des anciens territoires colonisés. Ainsi, les nationalités les plus représentées, d’après l’étude de l’OCDE sont les Algériens, Marocains et Tunisiens. Vient ensuite la Chine (voir les chiffres ci-après de l’étude). Cela doit ainsi provoquer un sentiment de continuité, encouragé par une langue et des valeurs partagées. C’est en effet rassurant de pouvoir contempler 1 500 ans d’Histoire et de combat pour la grandeur de notre pays.
Métis, d’origines diverses, je n’ai que la France pour moi, ce pays m’a tout donné. Je n’ai pas de rancune particulière pour des crimes commis au nom de l’idéal colonial (le devrais-je ?), notamment dans la mesure où je n’en souffre pas particulièrement, et qu’ils sont à replacer dans un contexte bien précis. L’esclavage n’est pas la discrimination, qui n’est pas le racisme. Mais les mots ont, depuis longtemps, perdu tout leur sens, pour se noyer dans un maelstrom de considérations et arrières pensées politiciennes. Avoir de la rancœur à l’égard de l’histoire nationale pour faire avancer son agenda politique et personnel n’a pas beaucoup de sens ; au mieux, diviser pour mieux régner.
Si l’on veut parler d’une intégration réussie, les États-Unis ont leur Thanksgiving, et cette fête est célébrée par tous, sur l’ensemble du territoire, sans distinction. Gage de solidité du pays, les Américains se rassurent avec une fête qui jalonne les vies de chacun. Peut-être que c’est cela qui manque en France, des événements célébrant un sentiment d’appartenance et de fierté à l’égard de son pays. Évidemment, les Noirs sont encore en grande majorité discriminés, et les événements récents sont malheureusement dans l’ordre des choses, dans un pays structurellement raciste, mais ils sont Américains. C’est un enjeu bien différent de celui de l’immigration.
On nous répondra que la continuité est certes ennuyeuse, mais elle a le mérite d’être rassurante, dans un monde qui change de plus en plus vite, pour en laisser de moins en moins à chacun. Il nous faut donc un désir commun de bien-être pour notre pays.
L’arrogance française à l’égard des migrants
Car quand l’immigré grimpe la hiérarchie socio-économique, il devient plus libéral, et ne vote plus à gauche, n’étant plus le récipiendaire des aides.
Le vote des étrangers est une manne électorale pour le PS. Car quand l’immigré grimpe la hiérarchie socio-économique, il devient plus libéral, et ne vote plus à gauche, n’étant plus le récipiendaire des aides. Il ne remplit plus les conditions. Ainsi, les villes où un grand nombre de commerces tenus par des descendants d’immigrés comme Roubaix ou Tourcoing, sont passées à droite lors des dernières élections municipales.
Les villes avec une majorité d’individus issus de l’immigration, en exceptant les bastions communistes de longue date, sont-elles toutes à gauche ? La volonté d’intégration passe par la citoyenneté, donc le vote. On vote en tant que Français. Après tout, il est une expression de l’intégration. Un Espagnol ou un Belge peuvent voter en France, mais uniquement aux élections locales et uniquement parce que l’Europe est un espace de partage des nationalités : la fameuse citoyenneté européenne. Ce qui fait qu’un Français peut voter aux élections locales des pays de l’UE.
En revanche, il n’y a pas de réciprocité avec les autres pays de la planète. Pourquoi laisser un Néo-Zélandais ou un Kényan voter en France quand un Français établi là-bas se verrait refuser l’accès aux urnes ? Si on se place du point de vue d’une intégration infaillible, la solution la plus simple consisterait à dire à l’étranger que s’il veut voter (quand on sait comment fonctionne la démocratie en France, cela peut paraître risible), il peut demander sa naturalisation. Il sera ainsi en mesure de voter à toutes les élections. Manuel Valls est ainsi né Espagnol et pour s’engager dans la vie politique de son pays d’accueil, a demandé et obtenu la nationalité française. D’ailleurs, le nombre de naturalisations est en hausse en 2013, +14% par rapport à 2012.
A la fin, le migrant qui s’installe dans le pays aspire à la France, à faire partie de cette joyeuse communauté de râleurs bon vivants, amateurs de grands crus, sans pour autant en posséder tout le savoir. Qui n’a pas croisé dans sa vie un docteur ES vinasse qui nous a conseillé une piquette ?
On peut dire ainsi qu’à Roubaix ou Tourcoing, des Français votent. Daniel Gaxie nous l’explique, les explications du vote répondent souvent à des considérations essentiellement économiques et individuelles. L’individu possédant, qu’il soit Français de longue date, d’origine diverse voire étranger, votera en fonction de ce que le vote lui rapportera ou lui permettra d’éviter. Le champ politique est un marché, et l’électeur choisira, selon les informations dont il dispose, le mieux disant fiscal. L’électeur, surtout à l’échelon local, est avant tout pragmatique.
Une incompréhension originelle sur le migrant
A vouloir sans cesse venir en aide à la personne arrivant sur son sol, on perd de vue l’objectif essentiel d’une installation définitive en terre nouvelle : pouvoir subvenir à ses besoins dans un premier temps, construire un futur.
On aime à penser que les immigrés viennent en France uniquement pour bénéficier des miettes d’un système social en état de décomposition avancée : on se trompe. Si considérer l’immigré comme un mendiant est une tendance bien française, il apparait évident, au vu des chiffres, que le pays semble être le seul à se comporter de cette façon. On en voit aujourd’hui les résultats désastreux. La France est certes généreuse, mais avec des gens pauvres, et qui le restent.
Si la perspective de bénéficier de soins gratuits peut être alléchante, vivre dans une pauvreté parfois encouragée par l’État ne peut guère constituer un objectif viable sur le long terme. L’Allemagne, les États-Unis, ou même le Canada l’ont compris depuis longtemps, reste pour la France à effectuer un véritable travail de refonte de sa politique sociale et migratoire, permettant ainsi aux nouveaux arrivants de participer à la croissance et au développement du pays.
En cela, on peut parler d’arrogance française. A vouloir sans cesse venir en aide à la personne arrivant sur son sol, on perd de vue l’objectif essentiel d’une installation définitive en terre nouvelle : pouvoir subvenir à ses besoins dans un premier temps, construire un futur dans un second temps, trouver du travail, fonder une famille, et permettre à leur progéniture de se construire grâce aux institutions républicaines que sont l’école et l’université.
Lorsqu’on observe les principaux facteurs de pauvreté, nous dit Gilbert Cette, il y a d’une part les heures travaillées dans l’année, d’autre part le nombre de bouches à nourrir. Les populations immigrées cumulent ainsi ces deux « handicaps ». Dans la mesure où les aides en France sont réservées aux plus pauvres – ce qui est normal – le premier servi est toujours le dernier arrivé. L’immigré rempli donc son rôle de bouc-émissaire, étant plus pauvre, généralement, l’aide lui est attribuée, logiquement, en priorité. Le nombre d’enfants par femmes s’élève à 5.11 en Afrique subsaharienne en 2012. La France arrive péniblement à 2. Mécaniquement, l’immigré récent ayant bénéficié du regroupement familial profitera malgré lui d’une politique sociale nataliste, qui se concrétise par des allocations, auxquelles, au regard de sa situation, il aura droit. Par ailleurs, notons que l’appétence d’enfants n’est pas héréditaire. L’enfant, ou le descendant d’immigré, né et élevé en France, aura un comportement plus occidental, teinté d’individualisme et de réussite personnelle.
Les immigrés qui veulent « entreprendre » ou « rêver d’une meilleure destinée » ne voient plus la France comme un lieu des possibles.
Mais malgré les aides diverses et variées, la discrimination et le chômage touchent plus souvent les jeunes issus de l’immigration et tout le monde est perdant. Ces populations, qui d’ailleurs ne sont pas les seules, voyant dans l’État français une providence qui n’est que l’ombre d’elle-même, et le gouvernement, incapable de changer de curseur pour mettre réellement les gens au travail.
L’exemple de Calais est assez symptomatique de cette tendance. Les migrants de Calais ne veulent pas s’établir en France. Pourquoi ne sont-ils pas satisfaits de leur « séjour » en France ? Tout simplement parce-qu’ils ne veulent pas rester dans ce pays et tentent à tout prix de se rendre en Angleterre. A force de croire que les « réfugiés » de Calais doivent et veulent être aidés, essayons de réfléchir à la meilleure solution, qui serait de les laisser tenter leur chance de l’autre côté de la Manche. Mais cette même Angleterre leur refuse l’entrée.
Le « drame humanitaire » chanté par les sirènes associatives et médiatiques n’est là que pour détourner les gens d’un problème de taille : les immigrés qui veulent « entreprendre » ou « rêver d’une meilleure destinée » ne voient plus la France comme un lieu des possibles.
L’insertion sur le marché de l’emploi des travailleurs étrangers
En Allemagne, on observe une baisse drastique des travailleurs temporaires et saisonniers pour favoriser une véritable intégration par le travail, passant pour les saisonniers de 329 800 en 2005 à 3 500 en 2012. L’étude de l’OCDE nous dit aussi que « l’immigration a contribué à la croissance de l’emploi et l’intégration professionnelle des étrangers s’est améliorée » et que « de récentes modifications de la loi ont facilité l’immigration en vue d’attirer les travailleurs qualifiés ». Le niveau de chômage est ainsi à peine supérieur à la moyenne nationale, autour de 8% contre 6% pour la population allemande en 2012.
En France, en revanche, on reste dans le flou artistique quant aux mesures effectivement en vigueur. On nous parle ainsi de « 82 propositions pour faciliter le séjour des immigrés âgés » (sic), qui semblent être apparemment les forces vives de notre pays. On espère que le gouvernement a d’autres projets plus crédibles dans son escarcelle. Par ailleurs, le taux de chômage des étrangers se situe à un peu plus de 24%.
Aux États-Unis, le regroupement familial est largement majoritaire, et constitue près de trois quart de l’immigration en 2012, l’immigration dite « de travail » ne représentant que 6% du total. Cependant, on observe un taux de chômage relativement proche de la moyenne nationale (8% contre 8.3% en 2012), avec un chômage descendu à 5.8% à la fin de cette année. On peut s’interroger sur le fait que les immigrés s’intègrent beaucoup mieux dans les pays évoqués qu’en France, alors que, sans cesse, le politique, de gauche et maintenant de droite, aime à se gargariser, avec la Juppette, de son ouverture d’esprit et de sa volonté sans cesse renouvelée d’aide aux plus démunis.
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L’immigration, quand elle est encadrée et organisée de manière à aider le pays d’accueil et les populations qui s’y établissent, ne peut apporter que de bonnes choses (États-Unis, Canada, Norvège). En revanche, si celle-ci n’est que le prétexte à l’arrogance d’un État se pensant au-dessus de la compétition économique internationale, contre laquelle il ne peut d’ailleurs pas grand-chose, l’avenir s’annonce très sombre. il ne peut d’ailleurs plus grand chose, l’avenir s’annonce très sombre.
Lire l’intégralité de l’étude OCDE ici.