Quel été agité sur le petit écran ! Les coulisses du paysage audiovisuel français ont continué à s’exposer à la une des mags télé.
On trépigne d’impatience devant cette rentrée télévisuelle. Quelles seront les premières audiences, les premiers flops… « Il va y avoir des morts » n’hésitait pas à indiquer Le Parisien qui en profite pour comparer Jean-Marc Morandini à Spiderman, Julien Courbet à Captain America, Anne-Sophie Lapix à Wonder Woman ou encore Cyril Hanouna à Wolverine. Quel casting de titans ! Il manque pourtant Lagaf en chauve souris et bien sûr… moi qui est toujours rêvé de porter un costume de super-héros. Alors voilà, c’est décidé, pour cette rentrée, je me remets au boulot, je plaque tout… pour devenir un animateur télé.
La canicule de ce été n’a pas eu raison du crâne de Lagaf’, finis la démocratie du News Show, la tranche 18/20 est tout aussi stratégique pour les annonceurs que Noël pour les marchands de jouets ou la Saint Valentin pour les fleuristes. Le fameux « access » au JT et prime time n’a jamais fait autant parler de lui qu’en cette année où, avec l’apport de la TNT, les grandes chaînes se sentent terriblement menacées. A quand RMC Découvertes proposera Bourdin sur ce créneau ? Antoine de Caunes aura beau reprendre Nulle Part Ailleurs, pardon, Le Grand Journal, tout le monde aura les yeux rivés sur l’audience de Cyril Hanouna : arrivera-t-il à dépasser le million ? Pendant ce temps, Lagaf’ continuera inexplicablement à truster la première place des audiences, et la pauvre Sophia Aram creusera sa tombe avant d’y tomber sous un délai annoncé de 9 semaines et demi. Avec le départ regrettable de la belle Alessandra Sublet, on se demande tous où est passé Ariane Massenet. La réponse est sur D8, la petite chaîne du groupe Canal +, où elle animera chaque jour à 17h30 : « Est-ce que ça marche ? » Tout un programme pour le goûter. Mais il faut bien trouver des programmes pour lancer les programmes qui lancent les programmes, me direz-vous.
Parmi ces sempiternels jeux et talk shows, il me resterait bien un petit créneau à investir. Certes le Schmilblik n’est plus à inventer, mais il en reste des concepts à épuiser. Je serai donc le présentateur télé de la nouveauté… Finie la promotion canapé. Finis les voyages à gagner. Finis les haricots à cuisiner. Je serai le Robert Chapatte des années 2000, le Léon Zitrone des temps modernes, l’Yves Mourousi du nouveau PAF, le Thierry Roland de la télé 2.0. A l’heure des deux écrans par téléspectateur, je proposerai de diffuser sur les applications mobiles ce qui se trame mystérieusement dans les coulisses de mon émission. En lieu et place des tweets qui défilent aujourd’hui comme de vrais infos, je militerai pour le retour de Jackie Berroyer sur le petit écran. Vive l’impertinence. Je ferai supprimer les prompteurs. Vive l’improvisation. Je ferai appel aux meilleurs chroniqueurs tels Julien de Rubempré ou Geneviève de Fontenay. Vive l’improbable. Même les Nuls se remettront à faire de la télé et Denisot adoubera le concept depuis son Vanity Fair. Les parrains de l’émission seront Mark Paul Gosselaar et Tiffani-Amber Thiessen parce que c’est grâce à Zach Morris et Kelly Kapowski que je regarde la télé depuis que je suis môme. Dans mon émission, on parlera de littérature (avec des vrais critiques littéraires), de sport, du 7ème art, de musique, de poésie, de peinture. On pourra débattre sans compter, sans heure de fin programmée. Le KO ne sera jamais loin. L’émission sera présentée par Ali Baddou… pendant mes vacances. Cette émission sera une nouvelle revue française filmée. On évoquera l’aube des révolutions futures et l’émission s’intitulerait… Le Nouveau Cénacle.
Alors Manuel Valls a-t-il vécu un vrai moment de télé pour la reprise du Grand Journal comme le promettait Antoine de Caunes ce lundi ? La réponse de l’animateur ne s’est pas fait attendre : « Nous sommes encore en phase de rodage ». Les vrais moments de télé attendront bien quelques jours de plus… à moins que mon tour ne vienne plus vite que prévu. Alors prenons l’antenne, chers camarades ! Faisons de la télévision notre canal d’arguments, notre moteur d’enthousiasme, notre chaîne d’émotions. Devenons tous animateurs de télévision et regardons nous les uns les autres.
Nous avons tant de choses à nous dire.
Fabrice Piofret