Une voix chaude, onctueuse, rassurante, parfois espiègle, souvent malicieuse, qui seyait avec son tempérament de pince-sans-rire.
Un personnage intemporel, haut en couleur, élégant et pétillant. Une sorte de grand-père idéal avec une bonhomie non feinte, une finesse d’esprit, une verve et une érudition qui font cruellement défaut par les temps qui courent.
Jean Rochefort était tout cela à la fois. Un comédien hors pair, un homme instruit. Un magistral pédagogue. Un féru d’équitation aussi, sport qu’il commentait volontiers à la télévision dans un style inimitable, entre lyrisme contenu et capiteuses envolées savamment distillées.
Brillant, Jean Rochefort, avec sa moustache caractéristique, véritable marque de fabrique, aura tourné dans pas moins de 150 films. De la génération de Philippe Noiret, dont la disparition l’avait meurtri, de Michel Serrault et de Jean-Pierre Marielle, il était l’un des derniers monstres sacrés. Un acteur génial, capable d’incarner un libertin cynique (Que la fête commence) un père adultérin (Un éléphant, ça trompe énormément) ou, plus récemment, un vieillard impavide et incontrôlable (Floride, son dernier film) avec la même maestria qui lui permettait de dégager empathie et affection par-delà la nature du rôle qu’il endossait.