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« La Nature comme socle. L’excellence comme but. La Beauté comme horizon. » – Dominique Venner

« Démocratie : égalité des droits politiques, égalité devant la loi ; effort de la société pour fournir aux pauvres les institutions qui leur permettent de se mettre eux-mêmes en état de s’élever ; grande indépendance laissée à l’individu (la plus grande possible), toute liberté, toute responsabilité, toute facilité. La démocratie, c’est la liberté combinée avec l’égalité. »Alexis de Tocqueville

Je suis nostalgique d’une époque que je n’ai pas connue et qui n’a sans doute jamais existé. Dans ma chronique précédente, je faisais état, d’une manière assez impudique, de mon goût de la France et de son histoire, et j’esquissais un tableau du patriotisme aujourd’hui – ou plutôt de ce qu’il en reste. Comme le disait peu ou prou un Brassens ou un Fallet, ce n’est pas tant la patrie que la France que j’aime, et c’est très différent. La France est à la fois nature, excellence, beauté. Tout du moins tente–elle d’y croire encore. Comme elle s’imagine encore être une démocratie. Comme elle fait toujours semblant de croire à la devise Liberté – Égalité – Fraternité affichée au fronton de ses bâtisses officielles comme l’inversion de la courbe du chômage dans un discours d’un Flanby Premier, roi des enfumeurs et des impuissants. Pourtant, que la France est belle…

La France, patrie de la beauté

Quel pays peut s’honorer d’être la patrie de Balzac, de Flaubert, de Stendhal, de La Fontaine, de Poussin, de Proust, de Céline, de Christine de Pisan, de Simone Weil, de Saint-Exupéry, de René Fallet ou de Georges Brassens ? La patrie d’adoption d’Apollinaire, de Cendrars, de Picasso, de Benjamin Constant, de Jean-Jacques Rousseau, de Jacques Brel, de Malika Sorel-Sutter ou d’Emmanuel Levinas ? Ne voyez pas une volonté de dresser des listes, inutiles autant que malsaines (et puis je ne travaille ni pour Libé ni pour L’Obs et je ne goûte pas la plume mao-frustrée d’un Daniel Lindenberg en mal de grands procès staliniens et d’autocritiques socialisantes contrites, sans doute synonymes chez lui de « débats »[1]). En revanche, si vous décernez dans ces quelques exemples une incitation à ouvrir les yeux et à découvrir que la France n’est pas ce pays rance et xénophobe qui se refuse à une globalisation financière qui ne rêve que de le berner au profit de Jacques Attali, Alain Minc et d’un certain nombre de couillons plus ou moins recommandables, des agents de change (connus sous le nom de traders) aux Indigènes de la République qui cachent mal sous un anti-sionisme de façade ce qui ressemble furieusement à de l’antisémitisme, et leur haine de la culture française sous un anticolonialisme revanchard et anachronique, j’en passe et des pires…

« La France est un pays spirituel par excellence. C’est à la fois la Fille ainée de l’Église et le pays des Lumières ».

Dans cette chronique intitulée La France à l’estomac, il n’est pas question pour moi de rouler des mécaniques nationalistes ou xénophobes, mais d’essayer, et j’insiste là-dessus, de faire aimer la France à travers mon ressenti (je n’ose pas écrire mon expérience), par-delà les discours haineux et idéologiques des internationalistes ratés reconvertis dans la globalisation et le culte du Saint-Fric mondialisé, ou des rabougris d’obédience clanique, ethnique ou religieuse. Essayer de faire aimer la France dans sa chair et dans son sang, dans son histoire et sa géographie, dans ses peaux et ses philosophies. La France est un pays spirituel par excellence. C’est à la fois la Fille ainée de l’Église et le pays des Lumières. La France est Bossuet à égalité avec Voltaire, Sartre et Aron, Saint-Louis et Napoléon, le Concordat et la laïcité… Je m’arrête, la liste des paradoxes français est infinie et fonde la richesse de ce pays, de son identité, de sa culture. À tous ceux qui prétendent que la France est momifiée dans le culte de sa légende et de ses acquis sociaux, je réponds que son histoire parle pour elle. Plus que dans n’importe quel autre pays du monde, toute l’histoire de France est celle d’un peuple singulier dans un territoire donné. Depuis les Mérovingiens et Clovis, une réunification progressive du territoire et des peuples s’est enclenchée, ne finalisant les frontières qu’en 1945. Petit à petit, autour du roi, avec l’acmé du Siècle de Louis XIV, puis autour de la République, des Provençaux aux Bretons, des Artésiens aux Basques et aux Catalans, des Lorrains aux Poitevins, des Alsaciens aux Chouans, des Franc-Comtois aux Auvergnats, pardon pour les oublis, tous ces peuples aux origines et aux cultures si diverses se sont réunis, souvent violemment, parfois en douceur, pour donner naissance à la France que nous connaissons aujourd’hui. Et cette unification s’est incarnée dans la langue, par-delà les dialectes et les patois. Cette langue dite de Molière qui a été servie si merveilleusement par tant de poètes, de dramaturges et de romanciers, de Corneille à Rostand, de Racine à Anouilh, en passant par Balzac et Zola, Flaubert et Hugo, Sand, Verne, Aragon ou Guy Dupré… La liste est longue (et ne comprend ni Lévy, ni Musso, n’en déplaise aux crétins qui jugent la qualité à l’aune de la rentabilité financière et du succès populaire).

Du totalitarisme communiste au totalitarisme financier

C’est tout cela, cette langue, cette histoire, que les programmes scolaires officiels s’échinent à détruire depuis une bonne quarantaine d’année, la rentrée 2016 étant, il faut bien le reconnaître, un paroxysme de conneries et de propagande idéologique. Mais pour nos élites politiques, journalistiques et économiques, formées dans les mêmes écoles et fréquentant les mêmes cercles, vivant protégés dans leurs quartiers favorisés et connectés, l’homme n’a pas plus de racines que d’ailes : c’est un consommateur-producteur interchangeable. Plus il est idiot, plus il est utile au business et au marché, Grand Dieu Régulateur, Juste par la grâce sonnante et trébuchante de Son aveuglement. Si d’aventures le producteur ne produit plus et par voie de conséquence, le consommateur s’abstient, selon que vous êtes en Occident ou dans le reste du monde, vous aurez des allocations pour fermer votre gueule ou des charges de la Maison Poulaga accompagnées de réjouissances pour masochistes. Le relativisme ambiant concernant et la langue et l’identité est non seulement dangereux, car il nie les êtres, mais criminels car il les montent les uns contre les autres (et les motifs ne manquent pas : religion, politique, argent…). Le totalitarisme communiste est en passe d’être remplacé par le totalitarisme financier (qui présente, au moins dans la forme, des institutions démocratiques qui ne sont que des coquilles vides). Peu de résistants : le monde islamique, dont l’évolution est pour le moins inquiétante (à l’exception notable de la Tunisie qui lutte pour mettre en place un régime démocratique, auquel on ne peut que souhaiter le succès) ; la Russie, qui cherche son salut dans un culte de la Nation et de son histoire glorieuse ; la Chine et le Japon, qui chacun à leur manière tentent de profiter de la nouvelle donne mondiale ; et quelques pays d’Amériques du Sud et Centrale qui demeurent dans une espèce de revival-marxism

« Le serpent se mord la queue et je pourrais continuer longtemps et sur d’autres sujets. Où est la France de l’excellence ? »

Pendant ce temps, en France, un peuple se meurt alors que ses dirigeants poursuivent leur fuite en avant dans la destruction de l’identité, de l’histoire et de la langue, freins au business et à cette croissance que d’aucun veut « chercher avec les dents ». Absolument ridicule. Vision à court-terme et gros rendement pour l’intéressé (- et le peuple ? – le quoi?). Nous vivons dans un pays magnifique, une des diversités agricoles les plus riches de terroirs et de produits, et la majorité de nos paysans crèvent la gueule ouverte en bossant quinze heures par jour. Pas de problème, l’efficace Le Foll dégaine illico la subvention ou la pirouette politicienne sur les charges ou les impôts… Toujours incapable de comprendre que les paysans aspirent à vivre dignement de leur travail, pas à mendier des subventions ou des délais de paiement. Seule possibilité : revenir à une agriculture raisonnée et raisonnable, respectueuse des hommes, des animaux et des paysages. Donc plus chère, mais aussi de meilleure qualité. C’est totalement en contradiction avec les objectifs de croissance, les chiffres d’affaires et les dividendes des agrochimistes qui fournissent les engrais et maintenant de plus en plus les semences par une scandaleuse privatisation du vivant (dont il ne m’étonnerait pas que notre gouvernement valide lâchement le principe dans le futur et funeste TAFTA). C’est aussi en contradiction avec les intérêts des laboratoires qui vivent en nous refourguant des médocs contre des cancers qu’ils sont trop souvent impuissants à soulager et guérir, et qui pourraient être limités en proposant une alimentation saine, mais hélas pour nous contraire aux intérêts de l’industrie agroalimentaire. Le serpent se mord la queue et je pourrais continuer longtemps et sur d’autres sujets. Où est la France de l’excellence ? Quand on a la France à l’estomac, on en connait l’histoire et le potentiel, et l’on ne peut qu’être en colère face à la lâcheté et aux abandons de souveraineté couplés à une tentative d’exécution en règle de l’identité et de l’histoire françaises.

Comme le disait un vieux dégueulasse[2], « il n’y a que trois façons de s’en sortir : se saouler, se flinguer ou rire ».

 

[1]Cf Daniel Lindenberg, Le rappel à l’ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires, La République des idées/Seuil, janvier 2016. En complément, il est bon de lire et relire la réponse des intellectuels visés lors de la première édition de 2002 ici : http://olivier.hammam.free.fr/actualites/documents/reacs/express.htm#REACEXPR01 . Signalons aussi le dernier éditorial d’Élisabeth Lévy, « Néoréacs, l’éternel retour », Causeur, N°32, février 2016.

[2]Charles Bukowski.

Le Librairtaire

Le Librairtaire

Historien de formation, Le Librairtaire vit à Cordicopolis. Bibliophage bibliophile, amateur de caves à cigares et à vins. http://librairtaire.fr/wordpress/

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