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Alors que la France a déjà la tête aux vacances, Thomas Guénolé a passé une nouvelle semaine à sauver le monde.

Il se lève, la bouscule, ne la réveille pas : comme d’habitude … Guénolé le gentleman entame chaque journée de la même manière : un coup de rasoir pour tailler son légendaire bouc pour rendre hommage aux années 80 qu’il aime tant et pour s’affirmer comme le Chuck Norris de la science politique ; une légère application d’aftershave pour faire briller son crâne qui étincèle déjà, et il rejoint Jean-Jacques dans les studios de RMC pour délivrer son oracle matinal.

Lundi : Thomas veille sur nos frontières

« Pour ou contre la mondialisation, pour ou contre le pouvoir aux multinationales ? » telle est la question que notre Divin Chauve soulève en ce premier jour de la semaine. Dans sa ligne de mire : Le traité mondial TFA porté par l’OMC, adopté à Bali, qui impliquera moins de contrôles aux frontières et davantage d’ouverture pour faire circuler les flux financiers comme les marchandises. « L’OCDE : Secte pro mondialisation », souffle-t-il, derrière son micro, comme pour mieux alerter la population du danger qu’elle est en train de courir, car la mondialisation ne fait pas baisser les prix mais augmente les marges des grandes entreprises avant de déclamer les mots tabous : « délocalisation », « protectionnisme », « démondialisation ». C’est beau comme du Montebourg ! « Je vous le dis clairement », assène-t-il, solennel, avant d’annoncer, du haut de sa haute chaire en Politologie-Sociologie-Philoscientifico-Géostratégique qu’il va falloir instaurer une taxe anti-dumping (fiscal et écologique). Que les milliardaires écrasent leur dernier cigare, que les coursives de l’OMC se mettent à trembler d’effroi, que nos élites se barricadent devant ce flot ininterrompu d’idées qui peu à peu pénètrent les consciences du peuple et finiront par amener Thomas Ier sur l’autel du monde. Qu’on se le dise : l’impôt Guénolé qui s’appliquera sur les produits importés – même si c’est une idée qui est loin d’être neuve et qui, curieusement, est défendue par un parti qu’il brocarde sans cesse – changera la face de l’univers. Et comme d’habitude à la fin de ses chroniques, l’auditeur se demande : Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ?

Mardi : Thomas nous débarrasse de la NSA

Ne l’appelez plus Thomas Guénolé ce mardi, mais Ethan Hunt (sans brushing). La mission qu’il a acceptée, c’est de protéger les Français d’un projet de loi post-Charlie qui viserait à pouvoir écouter leurs conversations, bref, Thomas Hunt ne se lance ni plus ni moins que dans une tentative de contre-espionnage. « La NSA continue de nous mettre sous écoute », lance un Bourdin toujours aussi doué pour l’art de la nuance. « Tous les Français sont surveillés », ajoute 007 Guénolé, avant de préciser que malgré les écoutes massives « Des terroristes peuvent échapper à la surveillance » ce qui provoquera « un embouteillage dans les services ». Il donne ensuite les indications pour se protéger des mouchards, « Le guide d’auto-défense numérique ». Il ne manquait plus que le fameux générique de Mission impossible pour conclure cette fabuleuse chronique, à travers laquelle la population terrifiée a appris que l’Oncle Sam fouillait dans la vie privée de tout le monde pour déjouer des attentats. Guénolé ce n’est pas du concret : c’est aussi une part de rêve. Qui aurait cru que derrière ce minois de gendre idéal, cette voix enchanteresse et cette allure bouc / col roulé se cachait un redoutable agent secret capable de nous libérer des griffes de la NSA, du FBI, et bientôt des martiens ? Bienheureusement, le message ne s’est pas autodétruit.

Mercredi : Thomas lutte pour votre emploi

Et il attaque fort : « Nous avons une France à deux vitesses au niveau de l’emploi » (voire au point mort, si nous avions osé compléter sa majestueuse pensée), faisant une distinction entre les CDI et les jeunes, les quinquas, les pauvres qui font face à un système qui ne leur est pas favorable. « Il faut un CDI pour tous avec un employeur libre de licencier qui il veut », annone-t-il avant de fixer les contreparties : indemnités modulables, taxes sur les licenciements …Thomas déroule et laisse pantois le duo Valls / Macron qui s’échine depuis des mois à tenter d’enrayer le chômage, alors qu’il suffisait de téléphoner à Thomas Guénolé pour trouver la solution. Après avoir lutté contre le Tafta, TFA et la NSA, Guénolé accepte de dispenser ses quelques conseils pour notre petit pays qui n’en peut mais des promesses et des solutions miracles. « Je suggère que l’on casse cette France à deux vitesses », conclut-il, modeste, avant de rendre le micro à un Bourdin en pleine extase. C’est le retour de cette France all inclusive que nous connaissons bien, nous, les fidèles guénoléens devant l’Éternel : cette France qui offre le logement, le travail, les repas à la cantine. Mais lorsqu’il s’en prend lundi aux pouvoirs gigantesques des multinationales, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de leur en donner encore davantage en les laissant licencier qui bon leur semblent pour ensuite délocaliser ailleurs en cas de taxation trop contraignante …

Jeudi : Thomas rend Guénoland transparent

A force de laver plus blanc que blanc, il fallait bien que ça arrive : Guénolé veut de la transparence partout. Et de citer derechef la Suède, ce pays de tous les miracles pour nos chroniqueurs médiatiques boulimiques de tartes à la crème, qui a propulsé la transparence en véritable modèle du genre. « En Suède, ils ont la transparence totale de la dépense publique ». Gloire à eux ! L’inverse de nos élites politiques franchouillardes qui, eux, « vivent dans une bulle » car « ils ont des majordomes pour leur ouvrir les portes ». Le problème que notre Saint Thomas soulève en ce jeudi est bien plus profond qu’il n’y paraît. Comme l’analysait Charles Péguy en son temps, la politique est toujours précédée d’une mystique, c’est-à-dire d’un imaginaire collectif, d’une mémoire commune sur laquelle les hommes politiques jouent pour s’auréoler de légendes nationales et susciter l’adhésion des électeurs. Que penseraient ces gens, à qui l’on a appris à l’école le train de vie de Louis XIV ou le faste de l’empire napoléonien, si demain on voyait François Hollande faire ses courses chez Auchan ? Guénoland, cette lointaine contrée où tout n’est que gratuité, liberté et intelligence, ne peut faire l’économie d’une certaine légitimité du politique à préserver sa fonction qui doit inspirer le respect voire la crainte pour gouverner. Pas question de vouloir d’une dictature à Guénoland, mais simplement de voir s’y exercer un pouvoir réel, sans que le citoyen puisse avoir le droit de fouiller dans la vie du « monarque ». Mazarin tapait dans les caisses de l’État mais avait permis à la France d’être la plus grande puissance du monde, François Hollande est exemplaire mais mène une politique pitoyable, lequel est préférable ?

Vendredi : Thomas et l’islam made in France

En révélant, dans un article du Plus de l’Obs, qu’il souhaitait déchristianiser les jours fériés, Thomas avait surpris voire provoqué beaucoup de colère. Guénoland sera le paradis de la laïcité ou ne sera pas. Et voilà qu’il semble faire machine arrière avec son char volant qui lui permet de descendre chaque matin du ciel sur la terre pour qu’existe un « islam made in France« , parce que sinon « ça fout la trouille ». Il faudrait un financement « partiel » pour construire des mosquées car de toute façon, il y a déjà des entorses à la loi de 1905. Si la loi n’est pas bonne, changez la loi ! S’écrient dans un même souffle Denis Diderot et Thomas Guénolé, appelant à un « crowdfunding » pour créer des mosquées et parvenir à établir un lien improbable entre My Major Company et Mahomet. « Autre bonne idée, s’exclame Bourdin, une architecture made in France pour les mosquées », « A la Jean Nouvel ! » enchérit Thomas avant de s’en prendre aux prêtres « déphasés, à l’ouest », imaginant naïvement que l’Église ne doit plus être un phare qui ne bouge pas alors que tout devient mouvant et d’établir un parallèle douteux avec les imams étrangers. Guénoland conçoit dont un « islam français », qui ignore – sans doute involontairement – que l’islam se réfère avant tout à l’Oumma, autrement dit la loi universelle qui ne tient pas compte des lois des pays. Mais c’est par le baptême de Clovis que la France est devenue la France, appelée aussi « Fille aînée de l’Église », mais dans la France all inclusive chère à notre Thomas Guénolé, il faut oublier cette tradition chrétienne qui a forgé notre beau pays au nom de la laïcité et dépenser l’argent de nos impôts pour construire des mosquées … On s’y perd, à Guénoland ! Tout le monde pensait que c’est Bourdin qui plaisantait avec le thème de la chronique, mais au final, c’est Thomas qui charia.

Nouvelle semaine, nouveaux défis. Après avoir lutté contre les traités internationaux et la NSA, Guénolé a une nouvelle fois résolu le problème du chômage avant de résoudre la crise identitaire de la France. Vive le bouc, vive les millions de copains qui se donnent la main, et vive le débat intellectuel sur RMC.

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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