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Entre formation, orientation et politique, le professeur Bérurier continue.

Lundi

Deux jours de formations sur l’histoire du goût et l’évolution des arts de la table. Pour une fois, le stage est intéressant et permet d’imaginer vraiment des activités à mener en classe. Comme d’habitude, j’y rencontre  d’autres collègues :

« Moi, je ne demande plus que des stages de cette catégorie. Les stages de ma discipline, pour devenir un meilleur prof, non merci… après tout, à chaque nouvel inspecteur on nous donne de nouvelles directions. Au bout de vingt ans, j’en ai vu des inspecteurs et les directions pédagogiques, c’est dans tous les sens. »

Je pense en moi-même que tout de même il exagère, mais finalement, je le comprends. Ce métier ne peut plus être exercé pendant vingt ou trente ans sans finir désabusé.

Mardi

Poursuite du stage. Le cerveau fonctionne à nouveau et on nous donne des billes pour travailler avec les élèves, c’est assez rare pour être mentionné. Ce stage est réussi.

Des plaintes se font tout de même entendre : c’est trop loin, le coût du déjeuner est trop élevé… à les écouter, ce stage existe depuis une dizaine d’années et c’était mieux avant.

Un des intervenants : « Vous voyez le fromage qu’on appelle le Laguiole ? Eh bien c’est le fromage préféré de Johnny Hallyday… Vous ne l’avez jamais entendu dire « quoi laguiole, qu’est-ce qu’elle a laguiole. ». Les collègues se sont forcés à rire.

 Jeudi

Ce matin, les élèves de troisième, reçoivent leurs notes  de brevet blanc. Un seul  élève est surpris positivement par sa note. Dix-sept élèves ne s’attendaient pas à une note aussi faible. Les heures de cours défilent, entre déception et envie de se mettre au travail rapidement.

L’après-midi est banalisé pour un « forum des métiers » à destination des élèves de troisième et de quatrième. Des intervenants de tous milieux professionnels viennent parler pendant une heure ou deux de leur métier aux élèves. L’occasion pour eux d’avoir une vision plus concrète des idées qu’ils peuvent se faire.

Avec un Master, un CAPES, j’ai servi d’hôte d’accueil durant cet après midi.

Vendredi

Sortie au cinéma avec une classe de quatrième. Vision d’un film sur la danse. Beaucoup d’élèves s’endorment. Ils m’expliqueront plus tard que le film était nul, puisqu’ils n’avaient jamais vu ce genre de chose.

Pendant une heure de cours de troisième un jeune garçon lance une blague sur l’une de ses camarades pendant le cours.

— Je vous rappelle que le forum des métiers est censé vous avoir aider un peu pour orientation, ai-je dit.

— Monsieur, dit le jeune garçon, ******, elle veut faire un CAP Porno.

La classe et même l’élève concernée explosent de rire.

La sonnerie se fait entendre, la jeune fille victime de la mauvaise blague vient me voir et me demande  avec le plus grand sérieux pour je l’espère, satisfaire sa curiosité :

— Mais Monsieur, ça existe un CAP Porno ? »

 Christophe Bérurier

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Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

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