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La morale est partout, dans toutes les bouches de la gôche. Celles des médiacrates, des politiques, des journalistes. Pourtant, force est de constater que tout ce petit monde confond ostensiblement immoralisme et amoralisme pour mieux imposer une idéologie dominante. Décryptage.

L’affaire Cahuzac ne fut en fin de compte qu’un triste épilogue : celui de la gauche morale. Déjà bien   écorné par l’inénarable DSK, son magistère moralisateur s’est définitivement effondré suite aux révélations de Mediapart à propos du compte helvète de l’ancien ministre du Budget.  La gauche se voit incapable de vociférer contre ces puissances de l’argent qu’elle faisait mine d’abhorrer durant la campagne présidentielle. Oubliées les incantations des députés lors de l’affaire Bettencourt, aux oubliettes les belles promesses médiatiques égrainées malicieusement jusqu’au 6 mai 2012 : Les Solfériniens se sont révélés aussi affairistes, magouilleurs et lâches que les cloués au pilori de l’UMP.

Au Sofitel, le PS perd dans un premier temps son hégémonie féministe et égalitaire. A Genève puis à Singapour, le « Péhesse » enterre sa haine de l’argent et sa vertu auto-proclamée. Leur seule lutte, c’est celle des classes affaires. La gauche était silencieuse par réalisme (Diktat de l’Union Européenne, contingences économiques, réalisme politique), la voici dans l’impossibilité de donner des leçons, pourtant sa seule fonction depuis trente ans.

La droite est immorale, quand la gauche est amorale.

Peillon et l’amorale laïque

Au pouvoir, le Parti Sociétaliste ne va pas à l’encontre d’une morale, il procède à sa négation. Jean-Marc Ayrault brûle en cachette les livres de Jaurès, Pierre Moscovici dessine un nez rouge sur Léon Blum.

Même si une fois au pouvoir, la gauche s’empresse elle aussi d’embrasser les bagues de la Parisot, l’enrichissement, la capitalisation, le patronat, l’exploitation : tous ces thèmes renvoient aux symboliques de la droite. Mais, en dépit des anathèmes de la caste Demorand, ces accusations demeurent de l’ordre de l’immoralisme. En d’autres termes, il existerait dans l’esprit français une répugnance à l’égard du Capital et la droite irait à l’encontre de ce tabou en exaltant la cupidité et la voracité des actionnaires. Cela va à l’encontre de la présupposée morale, mais cela ne la nie pas.

François Hollande se drapait de toutes les vertus avant son entrée à l’Elysée, puis il a sombré dans l’amnésie. Il n’est qu’un président par défaut qui a profité de la faillite sexuelle de son principal challenger ; il n’est que le valet du MEDEF donnant sa bénédiction à des accords sur l’emploi permettant de licencier plus facilement. Au pouvoir, le Parti Sociétaliste ne va pas à l’encontre d’une morale, il procède à sa négation. Jean-Marc Ayrault brûle en cachette les livres de Jaurès, Pierre Moscovici dessine un nez rouge sur Léon Blum. En ne renégociant pas le Traité Européen, en avalisant les accords sur l’emploi, en augmentant la TVA ces gens-là réfutent toute forme de morale, celle de leur parti comme celle d’une nation attachée à ses principes.

Vincent Peillon, ministre de l’Education, hérault de la morale laïque, se trouve dans une impasse. Il a beau brandir son petit manuel franc-maçon et idéaliste, rien n’y fera. Le gouvernement auquel il appartient est amoral. Il s’est renié, ravalé. Sacrifié sur l’autel de l’euro fort et du libre-échange. Notre locataire de la rue de Grenelle, en s’accrochant à son poste, cautionne cet amoralisme – aussi laïc soit-il – et devient aussi illégitime que ses collègues pour professer des leçons de morale aux élèves. 

 

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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