share on:

Michel Legrand est mort à l’âge de 86 ans. Il est l’une des dernières figures de la musique française à avoir su en faire pour tous les goûts. En 1954, quelques années avant de lancer Serge Gainsbourg, le grand Jacques Canetti permet à Michel Legrand d’adapter en version jazz des chansons traditionnelles françaises.

Des années 1950 aux années 2000, le pianiste et compositeur a tracé un sillon profond dans le vinyle de la musique française.  Il est l’un des rares français à avoir oeuvré pour les grands jazzmen. On parle de Miles Davis, de Bill Evans, et de Michel Legrand. Ce n’est quand même pas rien.

La France se souviendra aussi et peut-être plus de son travail de compositeur de cinéma évidemment. Pour Agnes Varda au coeur de la Nouvelle Vague, pour Jacques Demy évidemment. Les Parapluies de Cherbourg  en 1961, Les Demoiselles de Rochefort en 1967, ou encore Peau d’Âne  en 1970 sont des films magiques où le spectateur de 2019 se replonge dans un monde disparu, où l’âme, la musique, la beauté sont partout à l’écran.

Michel Legrand, un génie qui touche à tout

Legrand a inventé la comédie musicale à la française. Et il a tué le game, car personne ne composera plus de bandes originales aussi puissantes que les siennes pour des comédies musicales. Écouter le disque des Demoiselles de Rochefort c’est passer en revue toute la palette des émotions : des larmes, du rire, de la joie, de la tristesse, tout est là, comment voulez-vous faire mieux ? Alain Resnais ou François Ozon ont essayé, mais leurs films Les chansons d’amour  et 8 femmes font figure de pâle copie.

« Pour faire de belles chansons, faisons donc comme Michel. Aussi, il est sans doute l’une des dernières figures de la musique française à avoir su faire le lien entre tous les styles. »

Enfin, Michel Legrand a en quelque sorte inventé la pop à la française ; ses chansons pour les films de Jacques Demy ont réussi a mêler le swing de jazz, l’intelligence de la langue, la beauté des actrices et des acteurs, tout est inscrit dans les mémoires.  Pour faire de belles chansons, faisons donc comme Michel. Aussi, il est sans doute l’une des dernières figures de la musique française à avoir su faire le lien entre tous les styles.  Maîtrisant le solfège sur le bout des doigts, le pianiste arrangeur compositeur contribua à l’arrivée du jazz moderne en France et il sut en même temps se libérer des carcans de la musique savante, classique ou jazz – car non le jazz n’est pas le commun – pour inscrire son travail dans la longue tradition des compositeurs français. Michel Legrand c’est finalement la deuxième moitié du XXe siècle musical à lui tout seul. N’oublions pas le titre de sa formidable autobiographie.

 

 

mm

Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

Laisser un message