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Avec « Nous 3 ou rien », Kheiron signe de la plus belle des manières son entrée dans le Septième Art.

Tout commence en Iran, où un jeune avocat politisé et en lutte contre le Shah se fait emprisonner. Jusqu’alors, il avait passé une enfance paisible au sein d’une famille aimante et visiblement modérée sur le plan politique comme religieux.

En prison, Hibat devient une véritable figure de la résistance au Shah (incarné avec brio par Alexandre Astier) lorsqu’il refuse de manger les gâteaux offerts par le tyran. Il est ensuite libéré, rencontre une jolie Fereshteh (Leïla Bekhti), l’épouse puis est de nouveau recherché par les islamistes ce qui précipite son départ du pays.

En France, il arrive avec sa famille à Stains et devient petit à petit une figure de Villepinte, où il dirige un centre social, tout en continuant à participer à des manifestations contre les barbus iraniens.

De l’Iran à la France : la double illusion

Avec humour, légèreté, sans jamais tomber dans le pathos, Kheiron retrace le parcours de ses parents. Non sans fierté et on le comprend : raconter l’histoire de son père en l’incarnant si jeune au cinéma, voilà qui a de quoi étonner et surprendre. Le moment le plus marquant du film demeure son passage en prison, où Hibat ne perd jamais ni son humour ni sa fermeté.

Le seul bémol du film, c’est lorsqu’il est en France et s’investit dans le social. Là réside la deuxième illusion

La première illusion, c’est d’abord celle de la première révolution qui met le Shah d’Iran en déroute, avant que n’arrive au pouvoir l’Ayatollah Khomeini et sa horde de barbus qui grillagent les femmes et torturent les maris. Un cauchemar éveillé donc, mais une nouvelle fois contrebalancé par cette vision de Kyan Khojandi en islamiste radical ne peut que faire rire aux éclats et ainsi désamorcer toute forme de pleurnicherie.

Le seul bémol du film, c’est lorsqu’il est en France et s’investit dans le social. Là réside la deuxième illusion. Entre vision angélique des cités (les violences y sont plus souvent bien plus graves qu’un centre social tagué), perception erronée des rapports de force en banlieue (lire et relire Christophe Guilluy : les autochtones ont été contraints de quitter ces endroits) et quelques banalités sur l’intégration (« Cette nouvelle page, nous allons l’écrire ensemble »), cette deuxième partie du film n’est pas aussi brillante que la première. Peut-être aussi parce que la justesse de son regard sur l’Iran version Khomeini manque pour analyser par exemple le salafisme qui s’est développé depuis dans ces territoires …

Il n’en reste pas moins qu’il faut aller voir ce film (plutôt que le dernier navet de Maïwenn), pour sa finesse, sa nouveauté, la beauté des images, le talent de Kheiron et la magie que Leïla Bekhti.Si son père a eu le Légion d’honneur, nul doute que lui aura le César du meilleur premier film.

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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