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Le présent papier est un appel à la réflexion. Fort d’un bombardement médiatique incessant, le milieu politique semble avoir perdu de vue certains points historiques pourtant nécessaires à la compréhension de notre monde contemporain.

Au fur et à mesure de cette série d’articles, nous balayerons l’ensemble du spectre politique afin de  casser les cases et préjugés que nous pourrions avoir. Qui aurait pu penser que le Parti Communiste avait un jour pu tenir une ligne proche du Front National ? Qui pourrait dire aujourd’hui que la droite n’existe pas ? Comment justifier que parler de fascisme aujourd’hui est une aberration et que ceux qui se réclament de l’antifascisme se battent contre un ennemi invisible et mort depuis 1945 ?
On pourrait en être gêné, mais la réflexion ici présente n’est pas absconse : elle n’a pas vocation à alimenter le « tous pourris » ou à prendre parti pour telle ou telle opinion. Elle vise simplement à rappeler la complexité du jeu politique et l’hypocrisie de certains partis (de gauche comme de droite)

LE PCF, LE FN, LA PREFERENCE NATIONALE ET LE FASCISME

            Est-ce là un titre provocateur ? Pour le militant de l’un des deux partis, naturellement. En revanche pour l’historien ou le politologue, le titre n’est absolument pas vide de sens. Au travers d’éléments historiques et d’éclairages permis par les travaux d’historiens à l’image de Stéphane Courtois ou Jacques Julliard, il semble que le Front National de 2014 adopte des lignes communes avec le PCF d’il y a trente ans. On pourrait rétorquer qu’en trente ans, les choses ont pu évoluer. Ce serait mal connaître le communisme : si le discours (ou l’énonciation) change, l’énoncé reste le même.

Quand le PCF collaborait avec les nazis www.contreculture.org
Quand le PCF collaborait avec les nazis
www.contreculture.org

            Le PCF est resté profondément attaché au marxisme-léninisme, c’est là-même l’essence d’un parti idéologisé : la conviction ne change pas. En presque un siècle d’existence, le PCF n’a quasiment pas évolué dans son idéologie. Dès lors, la question de la préférence nationale, si elle semble refermée pour le moment,  reste une question qui se pose : le PCF a toujours défendu le travailleur français. Or c’est le travailleur français qui traditionnellement votait pour le PCF, pas le travailleur polonais, tchèque, marocain ou algérien (non naturalisés).

            Dès lors le FN est-il devenu un parti ouvrier ? Clairement oui. Marine Le Pen aura réussi avec brio à casser l’image d’un parti considéré comme xénophobe, nationaliste, fascisme, au final de tout et n’importe quoi. Les cinq sens de l’historien ou du politologue sont souvent malmenés dans le barnum médiatique qui entoure ce parti. Dès lors une mise au point semble nécessaire.

            Retour vers le PCF : en 1981, le maire communiste Paul Mercieca, de Vitry, fait évacuer des travailleurs immigrés musulmans (la précision est importante). L’indignation commence. Georges Marchais, alors Premier Secrétaire du PCF soutient son maire et écrit au recteur de la mosquée de Paris :

« J’approuve son refus de laisser s’accroître dans sa commune le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés… En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. La cote d’alerte est atteinte. C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. »

 L’Humanité, 6 Janvier 1981

On ne peut s’empêcher de sourire et de s’interroger quand on relit ce texte à la lumière d’aujourd’hui. Comme écrit plus haut, le PCF défendait (et défend encore) le sort des travailleurs français. Pour Marchais la présence d’immigrés dans des communes communistes, spoliant le travail de chômeurs nationaux, était inacceptable: dans un contexte politique et médiatique difficile pour le PCF, un aveu d’échec au niveau de la plus petite cellule de la démocratie (la commune) aurait été une catastrophe d’envergure beaucoup plus large. Marchais et les communistes ne pouvaient ainsi se permettre de laisser tomber l’électorat-souche d’un parti sur la voie du déclin.

Dès lors que Marchais parle de préférence nationale, faut-il le classer à l’extrême-droite ? Non. Mais on peut s’interroger sur la position des partis qui prônent une forme de préférence nationale, que ce soit dans la nationalité des capitaux ou bien même au niveau de la citoyenneté des employés et bénéficiaires des aides de l’État.

Le Front national est-il réellement à l’extrême droite ? On voit ici que le concept de préférence nationale n’est pas inhérent au nationalisme, et quand bien même il lui appartiendrait, les lignes politiques adoptées ne peuvent être aisément rangées dans de telles cases.

 Le Front National est-il fasciste ?

Si les origines du nom du parti sont obscures, on peut néanmoins rappeler que le premier « Front National » est issu du PCF et fut créé durant la Seconde Guerre Mondiale au nom de la lutte contre le fascisme.

http://fr.novopress.info/123480/histoire-romaine-et-propagande-antiraciste/
Mussolini : le surhomme italien
http://fr.novopress.info/123480/histoire-romaine-et-propagande-antiraciste/

            Qu’est-ce que le fascisme ? Le fascisme est italien et théorisé en partie par Benito Mussolini. Le concept de fascisme supposait la création d’un surhomme. Dictature à tendance totalitaire, le fascisme n’est pas le fait de prôner la suprématie de la race comme en Allemagne, mais bien de rétablir la grandeur de l’Empire Romain Antique… Dès lors la comparaison avec Hitler est absurde. Le terme fut sans doute galvaudé en partie grâce à la propagande soviétique.

            Le troisième point serait de dire que le fascisme n’est pas à droite. La droite italienne est traditionnellement, dans la lignée de beaucoup de droites européennes, antirépublicaine et pro-royaliste… De fait il semble nécessaire de rappeler les origines du programme mussoliniste, qui résident dans les idéaux des faisceaux de combat.

En effet à Milan, le 23 Mars 1919, les premiers faisceaux italiens de combat (ciment du futur Parti National Fasciste) optaient pour le programme suivant :

 « – Une assemblée constituante, section italienne la Constituante des peuples, procédera à la transformation radicale des bases politiques et économiques de la communauté […]
– Proclamation de la République Italienne […]
– Souveraineté du peuple exercée par le suffrage universel, vote des femmes ; garantie des libertés populaires, des référendums et des votes…
– La fonction de l’État sera limitée à la direction civile et politique de la vie italienne. Abolition du Sénat […]
– Abolition de la conscription obligatoire, désarmement général […]
– Suppression des sociétés anonymes industrielles et financières. Suppression de toute espèce de spéculation, des Banques et des Bourses.
– Réorganisation de la production sur une base coopérative et participation des travailleurs aux bénéfices
– La terre appartient aux paysans et sera exploitée en association »

(Programme des Faisceaux de Combat Italiens, 23 Mars 1919, Milan)

           A-t-on là un programme de droite ? Clairement non. De plus, le fascisme est mort en 1945 avec la mort du Duce. Pourquoi dans ce cas parler de fascisme ? Si l’URSS n’avait pas tenu un tel discours, nous n’en serions pas là. Le communisme n’opère pas de distinction : celui qui n’est pas communiste est fasciste. On comprend donc mieux la position de groupes extrémistes du type « Antifa », groupuscules à tendance marxiste, qui n’opéreront jamais de distinction entre le démocrate, le nationaliste et le fasciste. Alors que celle-ci est essentielle.

            Citons alors Jacques Julliard : « La critique la plus impitoyable de l’idéologie comme instrument de camouflage du réel, comme machine mystificatrice, qui donc l’a menée aussi rigoureusement que Marx lui-même ?
[…] À supposer que le communisme soit intrinsèquement le bon tandis que le nazisme serait intrinsèquement pervers, en quoi le crime commis au nom du bien serait-il moins condamnable que le crime commis au nom du mal ? » (Le Nouvel Observateur, 26 Novembre 1997)

            Pourquoi n’y-a-t-il pas de drapeaux nazis lors des manifestations communistes ? Brandir des drapeaux qui ont fait 125 Millions de morts justifie en contrepartie le fait de brandir un drapeau qui en a fait entre 30 et 50 millions de morts.

« Antifa » et les groupes néonazis, même combat ? L’idéologie diffère, les conséquences humaines non.  Ceux qui se réclament du communisme omettent sans doute les conséquences dramatiques de l’action de leurs prédécesseurs. Au final, le plus gros avantage de ceux qui se réclament de Marx est que celui n’aura jamais été au pouvoir.

            Les lignes politiques sont floues, et l’histoire est nécessaire pour comprendre la réalité du monde contemporain. Marine Le Pen n’a sans doute pas l’âme d’une nationaliste antirépublicaine, mais elle s’inscrit dans la lignée des partis contestataires de la Cinquième République, à l’image du PCF il y a trente ans. Et Madame Belkacem, lorsqu’elle explique que le Front National est antirépublicain car il « opère une distinction entre les Français et les étrangers », nous livre une inquiétante vision de la culture politique de ceux qui nous dirigent. Sans prôner une république des élites, ne peut-on pas attendre des dirigeants, de droite comme de gauche, une connaissance historique et une réelle maîtrise des notions qu’ils abordent ?

Henry Wotton

Rédaction

Rédaction

Rédacteur depuis Mars 2014

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