On se dit maintenant que ce ne pouvait être que lui. C’est oublier un peu vite que Rafael Nadal, vainqueur de Roland-Garros pour la huitième fois en neuf ans, revient du diable vauvert.
Son oncle d’entraîneur Toni n’est pas du genre à faire de l’intox. Aussi, lorsqu’il affirme que ses proches l’ont un temps cru perdu pour le tennis, il faut le croire. Oubliant la présomption d’innocence, certains de ses contempteurs – le taureau de Manacor n’en manque pas, un tennis de dépeceur et une fâcheuse tendance à ne laisser que des miettes à l’adversaire, dût-il s’appeler Roger Federer, ne pouvant faire l’unanimité – n’hésitent pas à affirmer que ses sept mois d’absence en raison d’une grave blessure au genou gauche ont en réalité servi à masquer une suspension pour dopage. Partant de cette hypothèse insupportable d’un champion qui serait au tennis ce que Lance Armstrong fut au cyclisme, les instances dirigeantes seraient complices, au nom de la nécessité de maintenir l’image d’un sport « propre ». C’est le lot des grands d’être à la merci des petits…
C’est pourquoi il convient, sinon d’admirer, en tout cas de s’incliner devant l’extraordinaire résurrection de Rafael Nadal
Sauf qu’il ne s’agit là que de supputations et qu’à ce stade, nul ne détient le moindre commencement de preuve d’un recours à une ou des substances interdites. C’est pourquoi il convient, sinon d’admirer, en tout cas de s’incliner devant l’extraordinaire résurrection de Rafael Nadal, vainqueur de sept des neuf tournois auxquels il a pris part depuis son retour à la compétition et finaliste des deux autres (!)
Invaincu Porte d’Auteuil depuis 2009, le Majorquin n’a que vingt-sept ans et, à l’instar de son contemporain Roger Federer, néanmoins décevant depuis le début de la saison, affole les compteurs. Après un démarrage diesel, il a disposé de Fabio Fognini puis a étrillé le prometteur japonais Kei Nishikori et Stanislas Wawrinka avant un affrontement d’anthologie – comment pouvait-il en être autrement ? – face à Novak Djokovic.
L’extraterrien est définitivement de retour
Numéro un mondial, tombeur de « Rafa » en finale à Monte-Carlo (l’Espagnol n’avait plus perdu en Principauté depuis… 2004), « Nole » avait de bonnes raisons d’y croire. Pour la cinquième fois en cinq matchs à Roland-Garros, il s’est cependant incliné contre plus fort que lui sur cette surface, au terme de la plus belle joute de cette édition 2013. Non sans s’être détaché 4-2 dans le cinquième set, dans la foulée d’un jeu décisif remporté après que l’extraterrien ait servi pour le match… C’est une fois de plus au mental que Rafael Nadal a fait la différence, bien que la terre battue n’ait plus aucun secret pour lui depuis belle lurette.
Biberonné à l’ocre, l’Espagnol a continué d’écrire sa légende le surlendemain, à grands coups de parpaings, de coups droit surpuissants le long de la ligne et de rallyes conclus victorieusement, en écartant en trois sets secs son compatriote David Ferrer, néophyte à ce niveau et qui l’avait sérieusement menacé à Madrid puis à Rome. Un nouveau sacre qui ne souffre aucune contestation et est venu définitivement prouver si besoin était que le grand « Rafa » est définitivement de retour.
Un « Rafa » plus pudique, moins vociférant, mais beaucoup plus complet qu’à ses débuts et qui, comme l’an passé, a versé quelques larmes une fois son triomphe acté. Un « Rafa » qui a une fois de plus dépassé l’entendement pour devenir le premier joueur de l’histoire à s’imposer huit fois dans un même tournoi du Grand Chelem. À Roland-Garros, le Majorquin a par ailleurs gagné cinquante-huit de ses cinquante-neuf matchs. Un autre record. Il est des statistiques pour lesquelles les superlatifs manquent…