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Une page de l’histoire de France et même de l’humanité s’est refermée ce matin avec la disparition de Simone Veil.

Sa vie entière aura été un combat. Un combat âpre et disproportionné contre la barbarie nazie, dans les filets de laquelle elle est tombée, le 30 mars 1944, à Nice, et qui lui a arraché l’essentiel de sa famille. Un combat contre le conservatisme le plus dur, et qui était majoritaire y compris parmi les femmes, lorsque est venu le temps de débattre de la nécessité ou non de légaliser l’interruption volontaire de grossesse.

« Une épopée contre ce que l’humanité recèle de pire ».

La mort transforme la vie en destin, disait André Malraux, mais la sienne en était déjà un avant l’ultime soupir. La faucheuse a rôdé dans la vie de cette femme hors du commun, le plus souvent d’un calme olympien, mais qui a toujours assumé ses opinions, fussent-elles iconoclastes, et qui aura vécu une existence digne d’un personnage de roman.

Une épopée contre ce que l’humanité recèle de pire. Une saga qui fait des superlatifs autant d’évidences et les rend finalement dérisoires.

D’immortelle à éternelle

Cette icône du XXème siècle aura renversé la lune. Bafouée, humiliée, mais droite, debout et triomphante. Elle aura réchappé au zyklon B d’Auschwitz puis à l’enfer de Bergen-Belsen. Imposé le droit des femmes dans une Assemblée chauffée à blanc, profondément rétive, mais qui se sera inclinée devant son charisme. Au bout de la nuit. Au bout d’elle-même.

Jacques Chirac la surnommait « Poussinette ». Au même titre que nos concitoyens, il l’a appréciée, comme nombre de ses pairs politiques. Tous se sont bousculés au portillon pour s’attirer sinon l’adoubement précieux, en tout cas les bonnes grâces de la si respectable et consensuelle dame au chignon, centriste, mais plus encore européenne et indocile. Viscéralement.

Tour à tour avocate, ministre de la Santé, présidente du Parlement européen, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville (ministre d’Etat) puis membre du Conseil constitutionnel, elle a intégré l’Académie française le 20 novembre 2008. Comme une évidence.

Depuis cette date, Simone Veil, ce monstre de courage, est officiellement immortelle. La voici désormais éternelle.

Guillaume Duhamel

Guillaume Duhamel

Journaliste financier originellement spécialisé dans le sport et l'écologie. Féru de politique, de géopolitique, de balle jaune et de ballon rond. Info plutôt qu'intox et intérêt marqué pour l'investigation, bien qu'elle soit en voie de disparition.

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