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Eric Zemmour est de retour en librairie avec Un Quinquennat pour rien (Albin Michel), un recueil de ses chroniques diffusées sur RTL depuis l’accession de François Hollande au trône élyséen.

Il y a cinq années, soit un millénaire dans notre espace-temps médiatique, Eric Zemmour était condamné par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour avoir fait un lien entre immigration et délinquance à la télévision.

A cette époque déjà lointaine, Nicolas Domenach levait les yeux au ciel et était soudainement pris de hurlements lorsque Zemmour mettait en garde sur les potentiels dangers de l’islamisme pour la sécurité des Français. Comme une convulsion face au réel qui venait. Un soubresaut face à l’inéluctable. 

Après Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher, le Bataclan, Saint-Etienne-du-Rouvray, Magnanville et Nice, ce haut-le-cœur bon teint de la gauche nous ferait sourire s’il ne nous faisait pas pleurer puisqu’il n’est même plus question de délinquance mais de ce qu’on nomme – bien rapidement – de terrorisme.

L’État est mort, vive la France

Pour moquer la nullité des derniers monarques, Talleyrand disait : « Le roi est resté trois heures en son conseil. Que s’est-il passé ? Trois heures ».

Chronique après chronique, Eric Zemmour montre d’une part combien ce « ministre du Budget » qu’est tout au plus François Hollande est impuissant face au chômage, l’insécurité et la crise économique et d’autre part comment les centres névralgiques du pouvoir se déplacent inéxorablement : vers Bruxelles, la Russie et la Chine.

Pour moquer la nullité des derniers monarques, Talleyrand disait : « Le roi est resté trois heures en son conseil. Que s’est-il passé ? Trois heures ». La maxime du diable boiteux est transposable à l’exercice du pouvoir selon l’ancien maire de Tulle : il est « Président » depuis quatre ans. Que s’est-il passé ? Néant. Quatre ans de pusillanimité, de soumission et d’impotence. « Même le costume de Guy Mollet semble trop grand pour lui », raille l’auteur avec son sens inné de la férocité.

A l’instar de Jacques Bainville, Zemmour décrypte le monde d’aujourd’hui à l’aune des forces telluriques qui ont fait et défait l’Histoire. En d’autres termes, la perspective du temps long est nécessaire pour saisir les causes d’un suicide français qui hésite encore entre la corde bruxelloise et le tabouret salafiste. S’il n’y a plus d’État, la France donne encore quelques signes de vie, à travers un peuple qui peu à peu semble prendre conscience du monde de demain. En tout cas, Eric Zemmour y croit.

Polémos et pathos

Dans la préface pugilistique de cet ouvrage, Zemmour assume le polémos grec, à savoir la joute, le combat.

Dans son Essai sur les moeurs, Voltaire moquait ainsi le Saint-Empire romain germanique : « Ni saint, ni empire, ni romain » pour ironiser sur sa déliquescence. Il en de même pour notre République Française qui n’en est plus une : le peuple n’a plus son mot à dire, et l’identité du pays est en péril.

Dans la préface pugilistique de cet ouvrage, Zemmour assume le polémos grec, à savoir la joute, le combat. Après les « 3D » décrits dans son précédent livre (Déconstruction, dérision, destruction), il évoque un nouveau triptyque : « Invasion, colonisation, conflagration » et, en ne différenciant plus l’islam de l’islamisme, il ne prend plus les impayables précautions médiatiques pour évoquer les tragédies de notre temps.

Seulement voilà : les premiers cris d’orfraie sont de retour. Le pathos face au polémos. L’émotion effarouchée pour répondre à une thèse que l’actualité semble vérifier jour après jour. Il suffit de revoir son passage dans l’émission C à vous sur France 5 et de constater les mines déconfites de chroniqueurs qui n’ont jamais ouvert le Coran pour voir que la gauche morale a encore de beaux jours devant elle, même si plus personne n’y prête attention.

Avec 700 plaintes d’ores et déjà déposées au CSA suite à ce passage, il semble que « la société du oui » naguère moquée par Philippe Muray, celle qui refuse la contradiction et la négativité, a encore un pouvoir de nuisance conséquent. Il ne semble plus possible de discuter en France, pourtant, l’art de la disputatio n’est-il pas aussi une composante de notre identité ? La disputation, d’ailleurs, au moyen-âge, était un débat -souvent conflictuel et très long – entre le christianisme et le judaïsme.

Alors, n’est-il pas temps de disputer avec l’islam ? Le chevalier Zemmour est prêt.

 

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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