La mise au jour en fin de semaine dernière par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) d’une gigantesque tricherie à la pollution de Volkswagen a déclenché une onde de choc historique dans le monde de l’automobile.
2015 restera à marquer d’une pierre noire pour le groupe Volkswagen, éclaboussé, laminé par une escroquerie d’envergure aux Etats-Unis, lesquels n’ont par pour habitude de se priver lorsqu’ils ont la possibilité de faire des exemples, comprenez faire payer au prix le plus fort possible les entreprises étrangères coupables d’avoir transgressé leurs règles. BNP Paribas, entre autres, peut en témoigner…
A une crise de gouvernance historique en avril a succédé un scandale à la portée bien plus importante encore et suffisamment retentissant pour que la capitalisation boursière de « VW » fonde d’un tiers en l’espace de deux séances de Bourse, lundi et mardi. Le constructeur allemand mettra beaucoup de temps pour s’en relever et il ne fait pas le moindre doute que son image demeurera gravement écornée pour un long moment.
11 millions de véhicules Volkswagen potentiellement concernés
La détection de l’installation de logiciels améliorant les performances des véhicules lors des tests d’émissions de gaz à effet de serre concerne pas moins de 482.000 modèles diesel Audi et Volkswagen vendus outre-Atlantique depuis 2009. Acculé, le groupe a ensuite évoqué un total de 11 millions de véhicules dans le monde, ceux équipés d’un moteur EA 189, qui sont concernés par cette fraude.
Il n’est pas exagéré de parler de victoire majeure pour les environnementalistes de tous horizons et même pour les populations dans leur globalité, considérant l’impact général de la pollution aux particules fines.
Décidément retors, ledit logiciel désactivait les systèmes lors d’un usage normal des voitures, réduisant ainsi les rejets pour une conduite plus sportive…
Une peu glorieuse prouesse technologique et surtout un pot-aux-roses découvert par l’International Council for Clean Transportation (ICCT), une ONG environnementale qui a donc joué bien plus que le simple rôle de lanceur d’alerte auquel on croit toujours cantonné ce type d’organisations. Alertée, l’EPA peut elle aussi pavoiser. Ses prérogatives avaient en effet été largement rognées par l’administration Bush, pour qui toutes les problématiques ayant trait à l’écologie n’avaient le plus souvent pas la moindre importance, et d’aucuns commençaient à sérieusement douter de son utilité.
Il n’est pas exagéré de parler de victoire majeure pour les environnementalistes de tous horizons et même pour les populations dans leur globalité, considérant l’impact général de la pollution aux particules fines. C’est en revanche un terrible camouflet pour le président du directoire Martin Winterkorn, 68 ans, sorti vainqueur en avril dernier de la guerre des chefs qui l’opposait au « patriarche » Ferdinand Piëch et qui incarnait jusqu’ici la success story du plus grand constructeur automobile allemand.
Confondu grossièrement tel un enfant pris avec les doigts dans le pot de confiture, le dirigeant, qui a aussi eu le tort de ne pas faire immédiatement son mea culpa, ne pouvait survivre au scandale. Après avoir balayé cette hypothèse, celui qui avait la réputation de connaître « VW » jusque dans ses moindres boulons a finalement annoncé sa démission hier dans un communiqué, avant même la tenue ce vendredi d’un conseil de surveillance qui devait le conforter dans ses fonctions et dont l’atmosphère s’annonce glaciale. »
Effet domino ?
Son départ ne signifie bien sûr pas la fin des ennuis pour Volkswagen, qui pourrait s’acquitter d’une amende susceptible selon plusieurs sources d’atteindre la bagatelle de 18 milliards de dollars et pourrait également être reconnu coupable de duperies dans d’autres pays, sachant que la Corée du Sud, l’Italie, l’Allemagne, la Suisse et la France ont d’ores et déjà demandé l’ouverture d’enquêtes.
Pour l’heure, le mythe du « diesel propre » a vécu aux yeux du grand public.
« Cette histoire est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Qui sait par exemple si aucun constructeur n’a triché sur les normes européennes Euro 6. La plupart du temps, les constructeurs jouent avec les règles, en surgonflant les pneus par exemple afin d’optimiser les paramètres lors des tests, mais la question est de savoir s’il ne s’agit que d’une optimisation des paramètres ou si certains vont jusqu’à tricher. Dans tous les cas, si les procédures de contrôles sont revues, la mise à niveau pourrait s’avérer coûteuse en investissements », décryptait ce mercredi l’analyste d’Aurel BGC. De leur côté, les Suisses d’UBS sont allés jusqu’à prophétiser la fin de l’ère du diesel en Europe…
Pour l’heure, le mythe du « diesel propre » a vécu aux yeux du grand public, tandis que les équipementiers automobile et plusieurs constructeurs se sont employés à rassurer les marchés quant à leurs activités et à l’inexistence de leur implication dans une quelconque affaire de cette nature. C’est une véritable salve de communiqués qui s’est abattue dans les rédactions dans un contexte de fortes turbulences boursières pour des entreprises comme Plastic Omnium et Faurecia.
De leur côté, des clients américains concernés sont pourpres de colères et certains envisagent de demander des compensations financières à Volkswagen. Le constructeur est en outre déjà visé par une « class action » engagée par Hagens Berman, un cabinet d’avocats spécialisé dans la défense des droits des consommateurs.
Afin de se prémunir, « VW » va passer 6,5 milliards de provisions sur ses comptes du troisième trimestre. Il va sans dire que ses prochains résultats seront particulièrement suivis, tout comme la communication de crise du secteur dans sa globalité. Ainsi que l’ensemble des développements d’une affaire aux ramifications multiples et dont on n’a de toute évidence pas fini d’entendre parler, sachant que 53% des voitures qui circulent en Europe roulent au diesel ..