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Dans un an, les campagnes pour l’élection présidentielle 2017 vont battre leur plein, après celle pour la primaire à droite. Mais hélas, une nouvelle fois, l’amateurisme et l’incompétence seront les deux mamelles du cirque politique comme depuis trente ans.

Il serait facile de revenir sur les frasques de François Hollande : Cahuzac, Leonarda, la rue du Cirque, ou bien de remettre du sel sur la plaie de son quinquennat : le chômage, la paupérisation massive de la population ainsi que le marasme migratoire.

« Le citoyen français ne peut que se réfugier dans le vote dit protestataire, parce que la gauche n’est plus de gauche et que la droite n’est plus de droite ».

Mais si l’on compare les chiffres, on s’aperçoit bien vite que son prédécesseur n’avait pas forcément fait mieux (mais pire dans bien des cas) et que finalement les ambitieux se succèdent les uns aux autres en coulant chaque fois la France un peu plus.

Puisque l’État ne décide plus de rien et qu’il a tout délégué à Bruxelles, le citoyen français ne peut que se réfugier dans le vote dit protestataire, parce que la gauche n’est plus de gauche et que la droite n’est plus de droite et que les fumistes désarmés face à un réel qu’ils ne comprennent plus préfèrent attendre des jours meilleurs en promettant tantôt que le Kärcher sera passé ou que la courbe du chômage va s’inverser.

L’amateurisme décomplexé et médiatisé : le cauchemar français

De Jacques Chirac, Françoise Giroud disait : « D’habitude, les hommes lisent Playboy ou Lui derrière un ouvrage de poésie. Chirac, lui, lit un livre de poésie caché derrière un Playboy » et on pourrait dresser le même constat pour l’ensemble de la classe politique actuelle. Nicolas Sarkozy ne voulait plus de la Princesse de Clèves dans les concours, Fleur Pellerin – pourtant ministre de la Culture – a reconnu ne pas avoir lu Modiano. L’Histoire jugera combien notre époque symbolise la vacuité, le vide absolu ; bref, le néant.

« C’est l’avènement de la politique Jacquie et Michel, celle qui repose essentiellement sur la promotion d’amateurs parce que seule la médiatisation compte ».

Par souci de ne pas paraître excluant, les élites jouent à cette fameuse normalité que le candidat Hollande avait banalisé en 2012 jusqu’à assumer leur amateurisme sur tous les sujets. Économie, culture, sécurité, éducation : ils échouent partout de manière tragique et pourtant ils assument et promettent des jours meilleurs. Ils détruisent en assurant que ce qui sera reconstruit sera bien meilleur ; ils paradent devant les objectifs pour reconnaître leur nullité abyssale et un Jean-François Copé se permet même un retour alors que plus personne ne se souvenait de lui.

C’est l’avènement de la politique Jacquie et Michel, celle qui repose essentiellement sur la promotion d’amateurs parce que seule la médiatisation compte. Ce goût sordide de l’autoflagellation médiatique et de la nullité interpelle, mais de là à imaginer Nadine Morano fesser Jean-Pierre Raffarin ou Emmanuelle Cosse en guêpière  il y a un pas que nous n’oserons tout de même pas franchir.

Juppé et Le Pen : Un boulevard pour 2017 ?

C’est un fait : Alain Juppé caracole en tête des sondages pour la primaire des Républicains ainsi que pour la présidentielle 2017. Sa culture, sa modération et son expérience rassurent un peuple las des hésitations et maladresses des politiques depuis plusieurs décennies.

Et si Marine Le Pen, en dépit d’incohérences programmatiques et de fâcheux silences sur les questions sociétales, plait aux électeurs c’est parce qu’elle bénéficie d’une certaine bienveillance car le FN n’a jamais participé au pouvoir.

« Si Jacquie et Michel régalent les internautes, l’amateurisme en politique exaspère les citoyens ».

Le second tour paraît donc établi pour 2017 : Alain Juppé face à Marine Le Pen. A moins que Nicolas Sarkozy ne retrouve un peu d’allure et d’idées ou que Manuel Valls écarte Hollande au dernier moment, mais cela est peu probable ; sans quoi le maire de Bordeaux triomphera finalement sans gloire car malgré le robinet d’eau tiède qui semble inspirer ses discours, sa stature d’homme d’État est unique car chacun sait qu’il n’emmènera aucun ami people visiter le Pape, tout comme il ne sillonnera pas Paris à scooter pour livrer des croissants à sa favorite.

Si Jacquie et Michel régalent les internautes, l’amateurisme en politique exaspère les citoyens. Ils n’en peuvent plus de ces contradictions, reniements (depuis 1983 et le virage libéral de Mitterrand, au moins) et autres foutaises crânement proférées sur les plateaux de télévision.

Et si nos éditocrates que rien ne semblent émouvoir pleurent des larmes de crocodile sur la « droitisation de la société », sur les succès électoraux du Front National, sur les tensions qui agitent la société française, sur cette économie qui agonise alors une seule question mérite d’être posée : merci qui ?

 

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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