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En août, souvent, le calme politique prévaut, les gouvernements en profitent pour faire passer quelques lois sous le manteau. Cette année, on veut faire rentrer en lousdé les langues régionales dans la constitution, on se dit que vraiment, la conduite sans permis ce n’est, quand même, pas un drame. C’était sans compter le marronnier de l’été : il fallait aussi parler, et faire parler le peuple de France de l’immigration. Rémi Loriov, après un article sur les politiques migratoires dans les pays de l’OCDE, revient sur l’écume médiatique de ces derniers jours.

Parler d’immigration, c’est l’anathème. On a le choix entre la tolérance sans borne ou le racisme patenté. Hors de ces contrées si peu lointaines, point de salut ! Il s’agit pour une partie de la Gauche, d’afficher sa supériorité morale, composée aussi de poussettes à trois roues et de pique-nique au bord du Canal Saint Martin, face à l’autre, le mal, de droite, toujours. En l’occurrence, ici c’est le plus très jeune Bruno Julliard qui fait face à Nadine Morano, habituée des sorties vulgaires. C’est officiel, en août, tout le monde part en vacances, et les cerveaux ne font pas exception.

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Notre gouvernement a en a décidé ainsi, avec Paris comme figure de proue : il a fait le choix d’accueillir les migrants les plus médiatiques, les plus désespérés, ou désespérants, c’est selon.

Cela pose un problème majeur dans la gestion de l’immigration en France.

La France et l’immigration de confort politique

On nous rabâche la fameuse phrase de Rocard, maintes fois amendée, déformée, abâtardie, avec un enfumage signé Labération (lien ici pour les inconscients ) « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part, etc… ». Si la part de la France dans la gestion de l’immigration extra européenne n’a pas drastiquement augmenté au cours des années 2000, en revanche, elle semble mettre l’accent médiatique sur l’accueil de migrants sans valeur ajoutée. Autrement dit, elle finit par augmenter sa part de « misère du monde » dans son solde migratoire, dans la belle tradition de la France Terre d’accueil, Carrefour des Civilisations, Franprix des débouchés professionnels, avec 900 000 chômeurs de plus depuis le début du quinquennat. La formule peut paraitre violente, dénuée d’amour, un truc de gauche, mais la France semble bien seule dans cette quête.

Hidalgo en Jeanne d’Arc des rentiers parisiens, avec les immigrés comme alliés objectifs : un concept intéressant.

Pourquoi la mairie de Paris se précipite-t-elle à « réquisitionner des bâtiments vides face à l’afflux de migrants » ? Sans doute est-ce la seconde phase de sa politique de la ville, où l’on veut encore augmenter la part de logements sociaux. La victoire électorale passera par la bétonnière. Mais l’élargissement du parc social mènera inexorablement au renchérissement du parc privé, diminuant mécaniquement l’offre globale de logements. Hidalgo en Jeanne d’Arc des rentiers, avec les immigrés comme alliés objectifs : un concept intéressant. Pour faire bonne figure, on encadre les loyers dans le privé : pour la logique, on repassera.

On ne peut pas d’un côté faire du clientélisme politique en se servant des plus vulnérables comme tremplin électoral et délaisser ceux qui humblement, je dirais presque bêtement, suivent les règles. Juste parce que ces personnes ont un projet autre que de faire la nique à la police sur les bords de la Manche dans un mélange de nonchalance tragique et d’improvisation crasse, ils doivent être relégués au rang d’épiphénomène.

Ces migrants qui ne passent pas à la TV

On fait du business éthique, mobilisation estampillée Max Havelaard.

Ainsi, que fait-on des migrants « non médiatiques », ceux-là même qui contribuent à la richesse de notre pays ? Ces derniers font la démarche de quitter un pays, effectuant l’ensemble des démarches, souvent longues et fastidieuses, menant à l’obtention d’un titre de séjour ou de la nationalité française. Car en plus d’être légaux, ils sont légitimes.

Simplement, la France doit avoir la possibilité de gérer son immigration en fonction des besoins de son marché du travail, comme c’est le cas pour les Etats-Unis, la Norvège, le Canada, le Royaume-Uni, la Thaïlande, la Finlande.

Dans le même temps, l’Union Européenne se transforme en artefact. Dans la difficulté, le « chacun pour soi » reprend le dessus et écrase tout. Une nouvelle politique migratoire version Schengen pour tous se fait jour, où les migrants sont accueillis par l’Italie, logés par la France, car repoussés par le Royaume-Uni.

Ce qui préoccupe, c’est cette amplification du phénomène en Europe. Qui peut-on accueillir et véritablement intégrer avec le souci d’une certaine harmonie, et dans quelles conditions ? Doit-on penser à l’intérêt de notre pays ou à sauver la planète ? Les gouvernements refusent de poser la question.

Une absence totale de réflexion sur le phénomène migratoire

Encore une fois, les collectifs d’aide aux migrants nouvellement créés, faits d’un aréopage de militants obscurs et autres vagabonds du syndicalisme, ne jouent pas justement, très collectif, prenant soin de se servir de ces pauvres bougres pour lancer des messages plus ou moins heureux. On fait du business éthique, mobilisation estampillée Max Havelaard. Ce n’est pas la première fois, rassurez-vous. La CGT et son service d’ordre leur avaient montré la voie en mai 2008, avec des migrants qui s’étaient rebiffés.

Il y a un compromis à faire, c’est le propre de l’immigration. Il faut accepter de s’intégrer, s’investir, d’être en quelque sorte transfiguré par le pays d’accueil. Car si on immigre dans un pays pour le changer, autant ne jamais partir.

Reste que, si on ne gère pas ce problème de manière rationnelle et ordonnée, nous serons les témoins d’un repli sur soi de notre pays de plus de plus important. Car ce n’est pas l’immigration qui encourage la xénophobie, plutôt le bricolage migratoire. Et dans la maison France, du sol au plafond, tout est à refaire. Si, après les avoir soigneusement sélectionnés, le pays n’a aucun projet pour les étrangers qui arrivent sur son sol, ils resteront des étrangers. Ayant délaissé leurs repères, références, ils n’en trouveront ainsi pas de nouveaux une fois en France, surtout quand le pays d’accueil leur dit en substance « Gardez l’ensemble de votre bagage et restez comme vous êtes ». Il y a un compromis à faire, c’est le propre de l’immigration. Il faut accepter de s’intégrer, s’investir, d’être en quelque sorte transfiguré par le pays d’accueil. Car si on immigre dans un pays pour le changer, autant ne jamais partir.

Mais par paresse intellectuelle ou débilité sincère, on accueille tout le monde. Ainsi, Bruno Julliard mentionne que tous les centres d’hébergement parisiens « sont actuellement occupés à 100% ». On ne prend plus le temps de la réflexion, à peine la machine médiatique enclenchée, tous les parangons de la morale socialiste et de la droite « à qui on ne la fait pas » (sic) sont de sortie.

A l’instar de Calais, et comme le soulignait Jean Marc Leclerc dans le Figaro du 5 août, la Mairie de Paris se retrouvera vite dans une situation d’asphyxie, surtout lorsqu’il s’agira d’accueillir aussi les SDF « Bien de chez nous » ou d’ailleurs, une fois l’hiver installé. Optimiste, ce dernier termine : « La crise semble inévitable ».

Vivement les fêtes de fin d’année !

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Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

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