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La ligue 1 vient tout juste de commencer, Paris a déjà gagné, même si le golem scandinave est en délicatesse, et un homme est là, depuis près d’une décennie, pour nous la faire vivre. Nous, hommes et femmes de la rue, rentrant éreintés d’une routine francilienne parfois difficile à supporter. Mais le soir venu, tout change grâce au numéro 10 de la bande FM, le funambule radiophonique, l’homme qui murmurait à l’oreille de Riolo, Gilbert Brisbois.

Sur le navire After, Gilbert, aux faux airs de Yul Brynner, tient la barre par tous temps, avec la dextérité désinvolte d’un capitaine émérite. Avec lui, les tourments du quotidien sont à présent derrière nous, les médiocres tragédies se laissent joyeusement happées par une gaieté immédiate.

Après un mois de vacances, il revient donc pour une saison un peu spéciale, qui verra l’After fêter ses 10 ans.

Je côtoie, comme des millions de collègues, Gilbert depuis les Jeux Olympiques de Sydney, c’était il y a si longtemps. Il avait encore des cheveux, c’est dire. Le millénaire venait de commencer, la France était championne du Monde, dominait l’Europe, et le bonhomme, déjà, aimait les gens.

Brisbois, le Socrate de la station

Gilbert, c’est le renoncement à l’individualité pour se retrouver dans l’autre, il ne serait pas vraiment Gilbert Brisbois sans les auditeurs. Sa mission : leur donner la parole, incarner l’inamovible pont entre le peuple et la tour d’ivoire que constitue la radio.

La semaine dernière par exemple, il était d’accord avec Jean-Claude, ne buvant guère un Lacazette aux abois. Car Gilbert reste, contre vents et marées, le porte-drapeau du public, la figure de proue du supporter en colère, dont les arguments parfois maladroits ne pesaient guère face à une Carine Galli, katana affûté quittant son saya. Obama français, il recherche sans cesse ce trésor, le consensus, si inestimable qu’aucun journaliste ne veut plus le chercher. C’est devenu un eldorado tant la denrée se fait rare dans un environnement médiatique toujours prompt au pugilat rhétorique. Adepte de la maïeutique, il « fait accoucher les esprits ».

Brisbois c’est le comte de Tréville, sévère mais juste, avec un zeste de bienveillance. Car ces Mousquetaires, Daniel, Eric, Philippe ou Fred sont capables de se livrer à tous les excès.

Ainsi, il ne se sert jamais de l’auditeur comme d’un ornement, destiné à flatter son égo. Il l’invite au partage, le laisse s’exprimer. Il s’identifie à l’autre, alors qu’il ne le voit pas, dans un écosystème rassurant, serein.

Au sein du studio, on conçoit facilement que cette aventure ne doit pas manquer d’engendrer de nombreuses collisions. Les caractères s’entrechoquent, fines lames de Mousquetaires. Brisbois c’est le comte de Tréville, sévère mais juste, avec un zeste de bienveillance. Car ces Mousquetaires, Daniel, Eric, Philippe ou Fred sont capables de se livrer à tous les excès.

Mais il reste au-dessus de la mêlée, c’est aussi pour cela qu’il est encore là. Le travail peut paraître ingrat, car Gilbert fait surtout briller les autres. Jamais un mot plus haut que l’autre, il garde une sérénité qui rendrait envieux les plus bouddhistes d’entre nous. Lorsque le ton monte sur la bande FM, au milieu de ces sauts brusques et inconsidérés, il est celui qui calme les esprits, apaise les conflits, raisonne les plus impétueux. Il nous rappelle ce qui nous rassemble, et tout finit par aller mieux.

Prochaine étape, cross-country de Bagdad, avec passage entre voitures piégées. Rien ne l’arrêtera.

Mais Gilbert, ça n’est pas que le football. Il est dans le multisports, avec un nouvel amour, le « running ». On l’avait aperçu à Clamart, les pieds dans l’eau, la mine réjouie, le teint hâlé. On le voit partout, à courir on ne sait où. Il est ce qu’on appelle un bon client, toujours prêt à mettre les mains dans le cambouis ou les pieds sur le bitume. Et hop, un semi à Saint-Ouen, 12 km de bonheur !

Il est allé jusqu’à pousser l’audace en Corée du Nord. N’écoutant que son courage, il est allé courir là-bas, s’attirant les foudres de twittos indélicats. Prochaine étape, cross-country de Bagdad, avec passage entre voitures piégées. Rien ne l’arrêtera.

Son message peut se résumer ainsi : « aimons-nous les uns les autres ». Prophète des ondes, éternel optimiste, capable de tutoyer le monde, il parvient à faire cohabiter les esprits les plus discordants. La prose de la vie en somme. Gilbert Brisbois est-il là ? Plus que jamais, et espérons qu’il continue encore longtemps à faire exister la joie et la camaraderie dans le transistor.

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Vous voudrez bien par avance excuser le choix de la photo. Devant notre échec à trouver une photo du joyeux drille, nous avons voulu rendre hommage à un grand du cinéma. Rêvons que Gilbert ait repris le flambeau radiophonique à la tête des Sept Mercenaires.

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Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

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