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Le burkini, cet accoutrement islamique destiné à couvrir intégralement les femmes à la plage, défraie la chronique de Cannes à Sisco en passant par le Touquet. Alors que Manuel Valls soutient les maires qui l’interdisent, le CCIF a d’ores et déjà annoncé vouloir attaquer ces arrêtés municipaux … De quoi alimenter la polémique jusqu’à la rentrée.

Adieu bouchons sur l’A6, canicule et méduses ! Les médias ont un nouveau marronnier : le burkini. Rendez-vous compte : au début des années 2000, le monde découvrait avec effroi ces femmes grillagées en Afghanistan, et il était admis dans le discours public que cela confinait à la barbarie et que ce pays avait même besoin d’une intervention militaire pour libérer ce peuple alors sous le joug des Talibans. En 2016, sur les plages françaises, le discours se nuance : des femmes vont à la plage entièrement recouvertes de tissu au nom de leur religion, et certains n’hésitent pas à défendre cette pratique. Ubuesque ! Il suffit ensuite à ces femmes qui affichent leur séparation de se plaindre de cette exclusion, et le piège victimaire dont aime à se repaître l’ogre médiatique se referme.

Les fondamentalistes de l’égocentrisme

Pour mieux se démarquer des autres qu’il juge trop conventionnels ou pour simplement tenter de sublimer son mal-être, un adolescent choisit parfois de se faire gothique, punk ou rasta. Puisque chacun est libre, après tout, de se vêtir comme il l’entend, rien n’interdit à cette jeune âme de chercher à se démarquer avant de rentrer dans le rang puisque la société, avec son minimum de codes sociaux, nous incite à devenir normaux diront les uns, à se civiliser rectifieront les autres.

« Le burkini, c’est la Tecktonik version islamique. Un phénomène de mode sulfureux dans lequel quelques âmes en mal de sensation se vautrent ».

Ce burkini donc, que personne ne connaissait il y a encore un an, est donc une provocation supplémentaire liée à ce désir puéril de jouer avec les interdits. Si l’honnêteté intellectuelle invite à s’interroger sur certaines sourates du Coran et les violences commises au nom de l’islam, cette dernière conduit au contraire à reconnaître que ce tissu de baignade n’obéit à aucun précepte mahométan. S’il est conseillé (et non pas ordonné) aux femmes de se voiler (verset 31, sourate 24 par exemple), il n’est affirmé nulle part que celle-ci ne devait se déguiser ainsi pour aller à la plage …

Le burkini, c’est la Tecktonik version islamique. Un phénomène de mode sulfureux dans lequel quelques âmes en mal de sensation se vautrent. Une volonté effrontée de jouer avec les peurs pour pimenter son existence. Une envie désespérée de sortir du lot, pour montrer son refus des autres, de la France, de ses traditions, de son mode de vie. Cela n’a donc rien à voir avec la laïcité : les contempteurs de cet habit ont simplement envie de se sentir en France tandis que ses thuriféraires veulent imposer leurs codes.

Le burkini et l’universel kantien

La tragique petite musique du « Chacun fait comme il veut » se joue de plus en plus dans les médias et sur les réseaux sociaux : n’est-ce pas après tout choquant de voir des femmes bronzer seins nus sur le sable, proclament certains ? Il suffit simplement de rappeler que prendre un bain de soleil en bikini, en marcel ou en tenue d’Eve relève du simple choix vestimentaire, tandis que le burkini renvoie à l’injonction prétendument religieuse qui est, de surcroît, contraire à nos valeurs d’égalité entre les hommes et les femmes et – excusez du peu – étranger à notre tradition pluriséculaire.

« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle » (Fondements de la métaphysique des mœurs)

Il est pour le moins surprenant de voir le nombre de défenseurs acharnés du droit à couvrir intégralement sa femme pour sortir, sous couvert de grandeur d’âme et d’acceptation. Qui fait l’ange fait la bête comme le disait jadis Pascal …

Cette obstination farouche à vouloir briser le bien commun ou, en d’autres termes, à faire en sorte que la majorité s’adapte à une minorité, renvoie aux préceptes d’Emmanuel Kant sur la morale universelle. Selon l’impératif catégorique du philosophe allemand : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle » (Fondements de la métaphysique des mœurs) ; ce qui signifie que chaque action ou jugement peut être applicable partout et par tous. Cette morale fondatrice de la philosophie des Lumières devrait être méditée par bien des « burkinistes » patentés qui font la morale à longueur d’éditoriaux sur les droits des femmes et trouvent le moyen de justifier cet oripeau ostentatoire. La France, pays de tradition courtoise, a toujours magnifié la femme. En peinture, en poésie, en musique. Puisse ce grand feuilleton estival prendre fin rapidement, pour que chacun reprenne ses esprits en attendant, peut-être, la grande polémique d’hiver avec la burqacombi ?

 

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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