Même si le soleil nous tape trop fort sur la tête, nous ne sommes pas condamnés à lire le dernier Marc Lévy ni la dernière jérémiade d’Olivier Adam sur les plages.
Julien Leclerc présente les cinq livres à lire en cette période estivale, en toute subjectivité.
Martin Eden, de Jack London
Certainement son œuvre la moins connue, loin derrière Croc-Blanc ou L’Appel de la forêt. Et pourtant. Roman largement autobiographique et picaresque, Martin Eden raconte l’ascension d’un jeune aventurier issu des tréfonds d’Oakland, amoureux d’une bourgeoise et désireux de réussir grâce à la littérature. Un remake des Illusions perdues de Balzac plus violent et encore plus désespéré qui nous en apprend tant sur l’Amérique profonde du début du XXe siècle que sur le monde littéraire de l’époque. A lire nuit et jour sans relâche.
Bandini, de John Fante
L’enfance d’Arturo Bandini, que nous retrouvons dans Demande à la poussière. Fils d’immigrés italiens, rejeton d’une mère fragile et d’un père alcoolique, violent et volage, John Fante nous décrit à travers les yeux d’un enfant espiègle et provocateur le délitement d’une famille pauvre et déstructurée, naviguant sans cesse entre la violence et la tendresse. Fante / Bandini s’y montre comme toujours désobéissant des règles et éternel insoumis, refusant les codes de l’enfance comme il récusera plus tard les normes sociales imposées aux adultes.
La Merditude des choses, de Dimitri Verhulst
Roman adapté à l’écran par Felix Van Groeningen, La Merditude des choses est avant tout un livre majeur paru en 2009 décrivant une famille de marginaux de la Belgique profonde. Dimitri vit avec son père ainsi qu’avec ses oncles et passe ses journées à les regarder boire ou à chanter du Roy Orbison. Cette famille vit grâce à la pension de la grand-mère qui passe son temps à faire le ménage et à guetter l’arrivée de l’huissier. Une satire sociale éblouissante et poignante, à mi-chemin entre Rabelais et Houellebecq qui arrache autant de larmes que de fous rires.
L’Egoïste romantique, de Frédéric Beigbeder
Avant Au secours, pardon et Un Roman français, Frédéric Beigbeder écrivait de bons romans. L’Egoïste romantique en est un très grand. Il s’agit du journal fictif d’Oscar Dufresne, chroniqueur mondain cynique et désabusé qui écume les clubs branchés afin d’étancher sa soif d’hédonisme. Contrairement à l’idée reçue, il ne s’agit pas d’un éloge de la débauche mais bien plutôt de l’amer constat de la vacuité d’une époque sans idéaux ni vocations, se noyant dans l’ivresse et la dépression. Un roman où tout n’est que dérision, le monde, les gens, lui-même. Alors Frédéric, arrête la télévision et remets-toi à écrire de bons romans. Merci.
La Vie devant soi, de Romain Gary
Le plus gros coup éditorial de l’histoire littéraire moderne. Publié sous le pseudonyme d’Emile Ajar, La Vie devant soi permit à Romain Gary de remporter le prix Goncourt une deuxième fois. A travers ce roman, nous partons à la rencontre de Momo, « enfant de pute » élevé par une vieille dame juive en pleine décrépitude. A travers les yeux de ce gosse de la balle, nous voyageons dans le Paris canaille du XXe siècle avec ses travestis, ses maquereaux et ses traumatismes de la Seconde guerre mondiale. S’il faut bien entendu tout lire de Romain Gary (surtout La Promesse de l’aube et Les Cerfs-volants) mieux vaut commencer par ce drame aux résonances contemporaines.
Les cinq poètes à lire cet été
Les cinq essais à lire cet été