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En période estivale, la lecture du dernier essai d’Alain Minc est souvent vite arrivée. Pour ne pas en arriver là, Julien Leclercq suggère cinq essais de tous horizons à découvrir les pieds dans l’eau.

Bohème littéraire et révolution, de Robert Darnton

Non le petit peuple ne lisait ni Rousseau ni Voltaire et ne s’imprégnait pas de la philosophie des Lumières en 1789. C’est en tout cas ce que Robert Darnton nous apprend dans cet ouvrage retraçant la vie intellectuelle de la bohème de l’époque. Et c’est à travers l’étude de cette littérature canaille et grivoise que l’auteur décrypte les ferments de 1789 : impuissance du roi, légèreté de Marie-Antoinette, nobles infectés par la vermine … Chiffres à l’appui, Darnton étudie minutieusement tous les stéréotypes négatifs véhiculés dans les contes pornographiques ou les chansons paillardes de l’époque à l’encontre du pouvoir. Lecture édifiante pour apprentis révolutionnaires.

L’Homme révolté, d’Albert Camus

Mieux vaut lire directement Camus que les ouvrages de Michel Onfray le concernant. Surtout L’Homme révolté. Pourtant étrillé à sa sortie dans les Temps modernes, cet essai d’une puissance hors du commun revient sur l’absurdité de l’existence et sur les racines de la révolte qui doit conduire à la naissance de valeurs. A l’aube des révolutions futures et à l’heure où les Che Guevara fantoches pullulent à l’écran, cette œuvre majeure redéfinit la liberté, l’espoir et les servitudes du monde moderne.

Traité de la vie élégante, de Balzac

Pour en finir avec ces guides de bonne tenue et des sorties « branchées » dérisoires, lire à tout prix cet opuscule de Balzac consacré au dandysme et aux secrets du fashionable. Comme à son habitude, Balzac s’y montre cynique mais également capable d’aphorismes de haut vol, même s’il exagère légèrement en écrivant notamment que « L’être qui ne vient pas souvent à Paris ne sera jamais complètement élégant ». Lecture indispensable pour éviter les fautes de goût à la rentrée.

Le Passé d’une illusion, de François Furet

Avec la plus grande honnêteté, l’historien François Furet revient à travers cet essai sur la fascination qu’a pu exercer le communisme sur son esprit et sur celui de sa génération. Alors que les régimes communistes ont des millions de morts sur la conscience, il n’empêche : ils continuent d’attirer une certaine sympathie. En retraçant son propre itinéraire culturel ainsi que le rôle déterminant joué par les intellectuels, Furet parvient à saisir les fondements de cette grande illusion collective.

En lisant, en écrivant, de Julien Gracq

Le dernier des classiques, comme Gracq aimait à se définir lui-même. L’auteur qui refusait d’être publié en poche de son vivant, l’auteur qui souhaitait que ses livres paraissent non-massicotés, l’auteur qui refusait la marchandisation des ouvrages littéraires. Julien Gracq est romancier mais également un critique littéraire fin et sensible, qui rend compte de ses lectures mais également de ses tourments d’écrivain dans cet essai qui est avant tout un plaidoyer pour la grâce poétique. Le dernier des classiques, premier des modernes ?

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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