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C’est désormais une certitude : l’UMP va devenir Les Républicains. C’était un engagement de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour reprendre la tête du parti. Sera-t-il seulement capable d’en faire, véritablement, un parti républicain ?

C’était il y a dix ans. Et une décennie correspond à une éternité dans notre univers de l’instantané, surtout en politique. Les héros d’hier deviennent les parias d’aujourd’hui et les brebis galeuses d’antan se transforment miraculeusement en hommes d’État. Pour mémoire, le « Monsieur 3% » du PS a conquis l’Élysée en 2012 …

La République face à l’Europe

Reprenons. En mai 2005, le président Chirac présente aux Français un traité européen rédigé par le toujours sémillant Valéry Giscard d’Estaing et le peuple le refuse massivement à 55%, au plus grand désespoir des éditorialistes, des sondeurs et des représentants du PS et de l’UMP. Bien plus qu’une fracture, ce vote a consolidé l’émergence de deux pôles qui transcendent les partis traditionnels de gauche et de droite, à savoir les patriotes attachés à la souveraineté du pays face aux apôtres de la mondialisation heureuse. Mais les premiers, incapables de se mettre d’accord politiquement depuis (au moins) le tragique Traité de Maastricht, ne sont pas devenus une force capable de bousculer les europhiles en place.

Parce qu’une République, par le peuple et pour le peuple, dans laquelle les citoyens élisent leurs représentants ne peut ni ne doit recevoir ses ordres de Bruxelles, ni d’ailleurs.

De fait, la France est un pays attaché à sa souveraineté mais gouverné par des élites partisanes d’une Union Européenne qui dicte ses lois au pays. Et Nicolas Sarkozy, en 2012, a même été jusqu’à faire ratifier par le Parlement le Traité de Lisbonne (version simplifiée de feue la prose giscardienne) auquel les citoyens avaient pourtant dit non. Une véritable trahison, que les prétendus « gaullistes » (Juppé, Baroin, Le Maire) ont avalisé. Comme ils ne sourcilleront pas lorsque Sarkozy décide que la France réintègre l’OTAN.

Par conséquent, s’il souhaite que le nouveau nom de son parti ait un minimum de sens, Nicolas Sarkozy devra s’expliquer. Parce qu’une République, par le peuple et pour le peuple, dans laquelle les citoyens élisent leurs représentants ne peut ni ne doit recevoir ses ordres de Bruxelles, ni d’ailleurs. Aujourd’hui, alors que plus de 80% des lois sont des directives européennes, nous vivons dans une République Potemkine, où de braves gens vont voter pour celui ou celle qui saura le mieux appliquer les injonctions des Allemands.

Assimilation, éducation : les vrais chantiers de la République

Si la souveraineté est la composante essentielle sinon primordiale d’une République indépendante, il y a d’autres aspects sur lesquels les « Républicains » seraient bien inspirés de travailler. Parmi eux, il y a l’Éducation Nationale que Najat Vallaud-Belkacem achève de détruire. Mais elle ne fait que parachever le travail d’un Luc Chatel sous l’autorité duquel Louis XIV et Napoléon avaient déjà disparu des programmes, et les larmes de crocodile des édiles UMP semblent bien malvenues compte tenu des lourds dégâts qu’ils ont causé dans les écoles. Ne serait-ce qu’en s’en prenant à l’apprentissage de la Princesse de Clèves, Nicolas Sarkozy avait entamé le seul bien commun qui puisse être transmis aux générations futures : la culture.

« Avant une république, ayons, s’il se peut, une chose publique ».

Les Républicains véritables, ceux de 1848 jusqu’à la IIIe République, sont ceux qui ont pour vocation de transmettre un patrimoine historique, linguistique, culturel, géographique qui est de surcroît ancestral. Étudier le latin ou le grec ne fait pas nécessairement un « bon français » mais développe un esprit, le façonne. Il apprend à une jeune conscience d’où lui viennent ces mots qui lui sortent de la bouche quotidiennement, comme une bonne connaissance des origines fondamentalement chrétiennes de la France ne pourront que lui faire mieux comprendre ce pays aux 1001 secrets, façonné tout à la fois par ses chevaliers, ses professeurs, ses prêtres, ses rois, ses ministres, ses présidents, ses sujets puis ses citoyens.

Nicolas Sarkozy, qui a été par exemple pour le droit de vote des étrangers et qui a toujours eu ce mot de « diversité » à la bouche nous fait par conséquent un bien curieux républicain. Cette République, « une et indivisible », n’est pas censée faire le tri parmi ces citoyens, et le nouveau parti de la droite ferait donc bien de se souvenir de notre Constitution et de s’appuyer justement sur l’école pour donner à chaque élève le droit d’être libre, égal à l’autre et fraternel.

Pour que ce nouveau parti des « Républicains » soit honnête et viable, la route est encore longue. Elle ressemble à une Odyssée, semée d’embûches, de paradoxes, de contradictions, d’antinomies. La République ne peut être ramenée à un slogan.

Dans ses Choses vues, Victor Hugo demandait « Avant une république, ayons, s’il se peut, une chose publique ». Aujourd’hui, c’est plus qu’une demande. C’est une supplique.

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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