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Enlevez son brushing à BHL : vous aurez Thomas Guénolé. La dimension internationale en moins, mais gageons que notre nouvelle star des intellectuels saura faire trembler le grand Bernard sur ses bases.

Parce que dans le monde de Thomas Guénolé, il n’y a ni dictature à faire tomber ni conflit à médiatiser. Le pari du saint Thomas Taquin, c’est de croire en la bonté humaine et en son infinie générosité, parce que tout finalement serait à tous. Une forme nouvelle de rousseauisme adaptée à la modernité mondialisée, qui, parfois, ne peut faire l’économie d’une référence aux Bisounours.

Lundi : Licornes et salaires pour tous

Très tôt en ce lundi matin automnal, Thomas Guénolé lève son auguste crâne de son oreiller en guimauve et consulte l’heure de son réveil en sucre : il est très tôt. Sa licorne est déjà sur sa terrasse, prêt à le prendre sur son dos pour traverser sa ville enchantée et le déposer devant les studios de RMC, où le gentil Jean-Jacques Bourdin l’attend pour la leçon d’optimisme de la journée. Et ce dernier ne sera pas déçu : Thomas commence sa folle semaine par une nouvelle ode à la France all inclusive, à savoir la mise en place du revenu de base délivré uniquement « Si vous êtes un être humain ».

Avec le revenu de base, les PDG comme Vincent Bolloré ou François Pinault toucheront le même chèque que votre voisine qui se débrouille depuis dix ans avec son RSA.

A Guénoland, point de restriction. Allons-y de bon cœur. « Ce sera même du mécénat pour les arts undergrounds » plaide-t-il enfin, car dans cet univers fabuleux, le tag sur un mur sera érigé en forme artistique ultime. « L’Irak pourrait le faire avec sa rente pétrolière », ajoute-t-il, non sans malice. « Courir après l’argent deviendra un choix ! », et oui ! Avec le revenu de base, les PDG comme Vincent Bolloré ou François Pinault toucheront le même chèque que votre voisine qui se débrouille depuis dix ans avec son RSA, et nul doute que ce merveilleux système ne créera aucun appel d’air universel à tous les damnés du monde pour venir profiter de ce salaire tombé du ciel. 7h24, fin de la chronique. Une licorne qui laisse des paillettes sur la voûte céleste parisienne s’envole vers l’horizon avec Thomas Guénolé sur son dos.

Mardi : Thomas a le RSI dans le viseur

Réforme du RSI … Ce sujet ennuyeux, plombant, technique devient soudain enivrant lorsque l’homme à la licorne s’en empare. Nous retrouvons le ton du facétieux professeur de Sciences Po, égrainant les explications sur les « taux de cotisation » avec des saillies comme « Tout est bon dans le cochon, dans le patron aussi », pour que l’auditeur de RMC saisisse comme il se doit la puissance de la métaphore.

Où trouver l’argent pour financer la France all inclusive qui donne tout à tous ?

Nous ne pouvons nous éterniser sur ce cours d’économie (l’auteur de ces lignes ayant arrêté l’économie en seconde), mais il est toutefois possible de faire un lien avec la chronique du lundi : s’il y a trop de taxes, d’impôts et de complexité fiscale, pourquoi en rajouter avec un revenu de base universel ? Où trouver l’argent pour financer la France all inclusive qui donne tout à tous ? Nous le saurons peut-être une prochaine fois, lorsque notre Bisounours national nous fera le plaisir de redescendre de son nuage.

Mercredi : Thomas et la fin de Guénoland

Grève des licornes ce matin du côté du V ème arrondissement de Paris : c’est donc à pinces et en métro que notre Spartacus version 103.1 se rend dans son studio pour délivrer son prêche qui, ce matin, concerne le « suicide assisté ». Formule éclatante que seule la modernité pouvait inventer, alors qu’il s’agit tout simplement du meurtre imposé. Bref. Après le salaire pour tous, la mort pour tous.

Parce qu’à Guénoland, pour que tout soit permis, gratuit et autorisé il faut d’abord passer par une inversion systématique des valeurs.

Soyons égaux jusqu’au trépas. Et Thomas de s’en prendre à la loi Leonetti qui serait « hypocrite » parce que « Vivre très vieux, cela veut dire avoir mal tous les jours ». Alors que faire ? Aidons-les à se suicider ? « C’est un devoir d’humanité » ajoute-t-il, des trémolos dans la voix. Parce qu’à Guénoland, pour que tout soit permis, gratuit et autorisé il faut d’abord passer par une inversion systématique des valeurs et aller à l’hôpital pour recevoir non des soins mais des traitements pour accélérer le décès. Sujet épineux certes, sur lequel s’écharpent les scientifiques, l’Église, les médias, les citoyens mais nous conclurons par cette simple question : Qui sommes-nous pour avoir un droit sur la vie de chacun ?

Jeudi : Thomas Mandela combat l’injustice sociale

Haro sur les statistiques ethniques ! Cette foutue licorne ayant enfin terminée sa grève, elle a de nouveau pu conduire notre penseur star de RMC pour se battre contre les préjugés (couleur de peau, races). « Les ethnies n’existent quasiment plus »,  avant de vanter ‘ »L’assimilation qui prend deux voire trois générations ». « Définir des gens par leur couleur de peau, c’est du racisme », assène-t-il, sans visiblement ouvrir son dictionnaire, parce qu’il lui aurait indiqué que le racisme, c’est hiérarchiser les prétendues races. Enfin, passons. Thomas propose plutôt d’en passer par le testing : « Mesurer les discriminations via des échantillons », par exemple avec le CV.

Il suffisait tout simplement de rappeler qu’en France, république « Une et indivisible », il n’était pas question d’origine ethnique mais plutôt de culture commune.

Le CV anonyme, voilà une idée forcément née dans son auguste esprit lors d’une énième promenade en licorne, de nuage en nuage et de concept en concept, le tout – comme Amel Bent – le poing levé. Il suffisait tout simplement de rappeler qu’en France, république « Une et indivisible », il n’était pas question d’origine ethnique mais plutôt de culture commune. Et que trente ans d’antiracisme forcené ont littéralement détruit cette belle idée qui a fonctionné pendant plus de trois siècles, préférant faire l’éloge des racines originelles plutôt que de louer un patrimoine commun. Si les forcenés de la main jaune n’avaient pas appelé chaque personne issue de l’immigration à s’en vanter pour mieux se démarquer du roman national, nul doute que le marronnier des statistiques ethniques n’aurait pas refait surface.

Vendredi : Thomas, fonctionnaire de la haute pensée

« Un fonctionnaire peut déjà être viré » ! Thomas y va fort. Même la licorne en tremble d’effroi devant les studios de RMC. Parce que le sujet du jour est également une marotte médiatique ressassée à l’envi depuis quatre décennies : le statut des fonctionnaires. Et Thomas semble même regretter que ce qui est déjà prévu pour mettre les fonctionnaires à la porte ou bien « en disponibilité » ne soit pas appliqué. Révolution libérale à Guénoland ? La licorne, dégoûtée par ces propos, décide de partir seule.

Son petit Thomas en sucre, qui aime les contes de fées et les sucres d’orge, critique maintenant la fonction publique …

Elle qui adorait cette voix suave lui murmurer de douces paroles sur le salaire pour la planète entière, la fin du racisme, la mort pour tous, elle qui voyait en lui ni plus ni moins qu’un mélange entre Jeanne d’Arc et Dorothée est à présent effondrée par le chagrin. Son petit Thomas en sucre, qui aime les contes de fées et les sucres d’orge, critique maintenant la fonction publique …

Espérons qu’un long week-end lui permettra de se remettre les idées en place et de revenir encore plus fort, plus gentil et plus rêveur que jamais. Il en va de la santé morale d’une licorne.

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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