Partagez sur "La très fabuleuse semaine de Thomas Guénolé sur RMC – Vol. 3"
Au tout début, ce n’était que pour un article.
Et puis le deuxième a rapidement suivi. Il faut dire que notre Socrate des ondes qui émerveille nos oreilles chaque matin sur RMC sait provoquer tant le débat que la réflexion car Thomas Guénolé a une solution pour tout. Écologie, droits de l’homme, économie, égalité, culture, éducation, géopolitique. Nouvelle plongée au cœur du Concret.
Lundi : Thomas veut légaliser la GPA
« Thomas Guénolé vous voulez légaliser la GPA » : cette phrase aurait pu être un excellent début de Kamoulox
« Thomas Guénolé vous voulez légaliser la GPA » : cette phrase aurait pu être un excellent Kamoulox de Kad & O mais non, il s’agit de la phrase introductive de Jean-Jacques Bourdin pour lancer Guénolé à l’assaut de son premier sujet hebdomadaire. Car oui, Thomas fait partie de ces champions qui ont besoin d’un meneur de jeu pour briller : le duo Bourdin / Guénolé est désormais à classer parmi les plus magiques : Platini / Rocheteau ; Zidane / Del Piero ; Jordan / Pippen. Et en ce lundi matin, il n’en fallait pas plus à notre champion pour concrétiser l’offrande d’un Bourdin au summum de son art. « Arrêtons de tourner autour du pot ! », lance-t-il, goguenard, car oui il s’agit d’une jolie métaphore lorsqu’il est question de gestation. S’ensuit un cours de biologie dispensé par le professeur Guénolé qui utilise la série Friends pour expliquer la GPA. « Soit commerciale, soit altruiste », explique-t-il, avec son sens de la mesure coutumier. « Moi je suis pour la GPA gratuite », précise-t-il enfin « mais pas payante, et si on refuse la GPA à cause des risques pour la mère porteuse, autant interdire la grossesse en général ». Tremblez, perfides réactionnaires ! Sans forcer son talent et en citant simplement le manuel de biologie qu’il compulsait en cinquième, Guénolé a anéanti vos thèses ! « Le parent, c’est celui qui élève l’enfant » (cette phrase est en revanche extraite de son cours d’éducation civique en CM1), « La génitrice peut être la mère, mais ce n’est pas automatique », comme les antibiotiques ? Et enfin, Thomas assomme l’éventuelle contradiction : « Staline était hétérosexuel, lui auriez-vous confié un enfant ? ». Guénolé, ce n’est donc pas seulement du concret. C’est également de l’abstrait. Cet abstrait comparable à celui de Kandinsky, inexplicablement beau parce qu’insaisissable, à travers le prisme duquel un alignement de triangles peut représenter une forêt ou bien un couple qui a recours à la GPA peut constituer une famille comme les autres.
Le progrès scientifique devient dans son auguste bouche une avancée morale. Mais il n’échappera pas à ce savant philosophe lointain héritier de Platon que cette GPA gratuite serait inévitablement le cheval de Troie de la payante, car les antiennes libertaires ont toujours été les prétextes aux ravages du libéralisme. Un prochain oracle devrait nous renseigner sur ce point.
Mardi : Thomas réforme à nouveau le collège
« Aujourd’hui, je rajeunis de vingt ans, je suis délégué de classe des collégiens qui nous écoutent »
Nouveau jour, nouvelle chronique. On laisse de côté les éprouvettes et les utérus pour ouvrir notre cartable car ce matin, on écoute maître Guénolé en avalant notre bol de Chocapic, et Thomas ne s’y trompe pas en introduisant : « Aujourd’hui, je rajeunis de vingt ans, je suis délégué de classe des collégiens qui nous écoutent », au diable cette calvitie précoce pour trois minutes ! Il critique immédiatement la cantine puis vitupère contre les causes du stress du collégien et parmi elles la peur des notes qu’il faut, selon lui, remplacer par des fiches de compétences, « Comme en Finlande ». Haro sur les violences : moqueries, insultes, vols. « Il faut recruter des surveillants ! ». Entre les cantines et les pions, ce serait donc un plan massif de recrutement dans la fonction publique que nous prépare Thomas, de quoi faire avaler la cravate de Jean-Michel Apathie. « Il faut du travail en petit groupe, donc plus de profs », implacable. Dans trois générations, on remerciera sûrement notre Penseur qui aura permis plus de frites à la cantine le midi et à des centaines de milliers d’élèves d’ignorer à la fois leur niveau en brisant le thermomètre fascisant de la notation et de ne pas savoir affronter le monde. Car oui, prendre une baigne, en redonner une, essuyer une moquerie, y répondre, cela fait partie de la vie et épaissit le cuir. Du bébé éprouvette pour toutes et tous jusqu’à la couveuse généralisée jusqu’à la vie adulte : tel est le monde formidable que nous promet l’Augure de 7h21. Il conclut ensuite par une question aux historiens invités de la matinale : les programmes reposent sur le roman national, donc les mythes, comment enseigner une fiction en guise d’histoire ?
Nous n’oserions pas faire une leçon au docteur Guénolé, mais simplement lui indiquer qu’il ne s’agit pas d’enseigner une fiction mais bien des faits historiques sans verser dans une repentance pour satisfaire les 1001 groupes de pression communautaires car, justement, l’école est un sanctuaire. Où il manque du rab à la cantine. Certes.
Mercredi : Thomas prend Dame Nature sous son aile
Avec la quantité de vent que Guénolé brasse chaque matin, RMC pourrait déjà se fournir en énergie toute la journée.
Lorsque Jean-Jacques Bourdin annonce que son expert du Concret va parler d’écologie, d’énergie et de nucléaire, l’auditeur ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec le Verbe guénoléen qui chaque matin irradie nos oreilles de ses bonnes ondes. Et ce dernier n’y va pas par quatre chemins : il faut sortir du nucléaire d’ici 2050. Mais, hélas, le projet de loi de Ségolène Royal constitue à ses yeux « une lettre au père Noël » (Mamère ?) : « C’est la première pierre de la muraille de Chine », philosophe-t-il. « C’est transpartisan, ceci dit », ajoute-t-il, peu soucieux de faire des fautes de français le mercredi. Il s’appuie sur des travaux de l’ADEME pour expliquer qu’une sortie du nucléaire est possible, car il n’y aurait aucune barrière technique pour passer à 100 % d’éolien et de solaire. Et s’il n’y a pas de vent ni soleil ? Jean-Jacques Bourdin présente ensuite son éolienne sans mâts que, goguenard, Thomas compare à un « vibromasseur géant ». Comme quoi, la haute philosophie n’empêche pas le comique. Derrière Platon, survient Molière et la grand rêve de Victor Hugo, « l’alliance du sublime et du grotesque » prend ainsi vie sur RMC chaque matin. Il s’en prend finalement au lobby du nucléaire sur la classe politique avant de conclure « Il y a une centrale à Nogent, et s’il y a un Fuskushima à Nogent, il faudra évacuer Paris ». Le souci, s’il faut être concret, c’est que c’est un séisme puis un tsunami qui ont ravagé la centrale nippone, et que la perspective de voir cette bonne ville de Nogent submergée par l’océan semble pour le moins peu plausible. De la même manière, le terme « transition » implique le passage d’un point A à un point C qui passe par un point B, et le souci c’est que ce B s’appelle charbon. Et oui. Le temps que Thomas ferme une à une les centrales et qu’il nous sauve de la catastrophe en construisant des éoliennes sur tout le territoire (parce qu’il en faudrait une environ tous les cinq mètres pour compenser la perte du nucléaire), il faudrait bien se chauffer, et cela passerait, comme en Allemagne, par la construction de centaines d’usines à charbon encore plus polluantes et toxiques.
Le mieux est l’ennemi du Bien comme nous le savons. Avec la quantité de vent que Guénolé brasse chaque matin, RMC pourrait déjà se fournir en énergie toute la journée.
Jeudi : Thomas enrage contre les discriminations
Les Etats-Unis ont connu Martin Luther King et Malcolm X, la France a Thomas Guénolé.
Les Etats-Unis ont connu Martin Luther King et Malcolm X, la France a Thomas Guénolé. Nous n’avons désormais plus à rougir devant l’Oncle Sam, car le Philosophe Concret, évoquant la grande campagne de « testing » lancée par le ministère du Travail, en profite pour critiquer les discriminations en France. Les discriminés sont les plus de cinquante ans, les personnes d’origine étrangère, les femmes et les handicapés. Tout ça ! Même les moches ou les gros, rajoute Thomas. Les autres profils du testing apprécieront. « Vouloir des enfants, c’est un frein à l’embauche », embraie-t-il aussitôt, prenant pour exemple les femmes (alors que sa sainte chronique de lundi indiquait que la gestation ne faisait pas la mère, mais passons : si nous nous référons à Pascal ou à Nietzsche, la cohérence n’est pas un élément déterminant pour le Génie). Sa solution : généraliser le recrutement anonyme sur concours (mais a-t-on encore le droit de mettre des notes à Guénoland ?) en sous-traitant les épreuves de recrutement à Pôle Emploi pour ensuite désigner à l’entreprise le candidat adéquat.
Alors que les gouvernements et tous les sherpas s’arrachent les cheveux depuis trente ans sur le chômage, voilà que Thomas Guénolé nous offre encore une fois la solution la plus brillante. En plus des milliers de professeurs, de surveillants, de serveurs à la cantine, de panneaux solaires et d’éoliennes, Colbert Guénolé veut encore que l’État mette la main à son portefeuille pour embaucher des conseillers et autres recruteurs. Vu le nombre de chômeurs, nous imaginons déjà la foule se presser pour passer un test au Carrefour de Nogent (de préférence avant la catastrophe nucléaire) pour savoir qui remplira le rayon le plus vite. Et quid du handicapé dans ce cas ? Une course de fauteuils roulants ne serait dès lors plus à exclure.
Vendredi : Thomas veut un revenu universel
Qui peut honnêtement dire non à la question : Souhaitez-vous recevoir de l’argent sans rien faire ?
Après avoir jadis sauvé le Népal de la famine, après avoir résolu le problème du chômage en trois minutes, après avoir protégé la planète, Thomas Guénolé achève sa folle semaine en supprimant ni plus ni moins que la misère en France. « Distribuer la même somme d’argent à tout le monde (…) en tant qu’être humain, vous y avez le droit », grâce à l’inflation ou l’impôt de redistribution. S’appuyant sur les travaux d’une autre éminence, il déclare qu’un revenu de base en Irak aurait empêché la création de l’État Islamique. « Bah voilà! », s’enthousiasme Jean-Jacques Bourdin, face à la énième trouvaille de son sémillant protégé. Cela aurait même fait baisser la délinquance au Canada, et cette proposition figure même dans les programmes des Verts, de Nouvelle Donne et Alain Madelin y serait également favorable. Thomas Guénolé est une synthèse. « C’est possible, alors qu’attend le gouvernement pour le faire? ». Effectivement, les Français sont pour. Qui peut honnêtement dire non à la question : Souhaitez-vous recevoir de l’argent sans rien faire ? Mais si les citoyens sont pour, l’Union Européenne sera contre, puisque sans monnaie nationale il n’est pas possible de faire fonctionner la planche à billets. Il n’est même pas pensable une seule seconde que Thomas reprenne implicitement les arguments des affreux réactionnaires qui veulent sortir de l’euro, ce serait comme si Lââm refusait subitement de chanter pour ceux qui sont loin de chez eux. Une aberration intellectuelle.
C’est ainsi qu’après avoir conseillé la GPA, s’être emporté contre les cantines et les discriminations en France que notre héraut reprend son char ailé pour repartir vers son Olympe pour y mûrir ses futures réflexions pour changer la face du monde. Parce que si Guénolé c’est du concret, c’est avant tout du rêve.