Julien Leclercq livre à son tour son ressenti sur l’année qui vient de s’écouler.
Le mot qui selon toi résume l’année 2017 ?
Non pas un mot mais un nombre : 1984 pour faire référence au chef d’œuvre d’Orwell. Parce que nous y sommes. Une société sous surveillance du langage, avec une police de la pensée et des médias qui doivent se forcer à écrire l’inverse de ce qu’ils écrivaient la veille sous peine de faire acte de contrition publique. C’est terrible, mais j’y vois malgré tout un signe d’espoir : cela redouble l’envie de lire et d’écrire pour penser contre ce nouveau totalitarisme.
L’évènement de 2017 ?
Ma rencontre avec François Maillot, des éditions Tallandier. Je ne le remercierai jamais assez pour cela, ainsi que pour sa bienveillance et son amitié. L’écriture de mon livre, Catholique débutant, a ainsi duré toute l’année et paraîtra le 8 février. C’est d’ores et déjà mon évènement marquant pour 2018 !
Ton meilleur livre lu cette année ?
Je vais déroger à la règle et en citer trois : Baudelaire de Marie-Christine Natta (Perrin), une biographique absolument magistrale et documentée. Une vraie prouesse. Ensuite L’Héritage de Benoît XVI de Christophe Dickès (Tallandier), un essai de haute volée sur un pape qui a d’ores et déjà marqué son siècle. Et enfin Les Chênes qu’on abat d’André Malraux, pour ses pages sublimes sur l’esprit de résistance.
Le meilleur film de l’année ?
Je ne suis pas un grand cinéphile … Alors je vais citer The Walking Dead. Je suis complètement accro à cette série.
L’émission radiophonique de l’année ?
La Compagnie des auteurs de Matthieu Garrigou-Lagrange. Je n’ai pas manqué un seul podcast de l’année. La meilleure émission littéraire tous médias confondus. Sa simplicité et son érudition … Tout sonne juste et les meilleurs spécialistes sont toujours invités pour parler littérature. C’est unique. Je rends aussi hommage à la web radio StoriaVoce créée par mon ami Christophe Dickès et sur laquelle je tiens une chronique.
L’album le plus écouté cette année ?
Ai-je encore le droit de citer Eminem cette année encore ?
La personnalité de l’année ?
Jean-Michel Blanquer. Cela fait plus de trente ans que l’école est saccagée par des théoriciens plus ou moins fumeux et notre ministre de l’Education nationale est arrivé à point nommé après les années Najat Vallaud-Belkacem, avec la catastrophe que l’on sait pour l’enseignement des lettres classiques. Blanquer veut offrir les Fables aux collégiens et leur interdire le portable. Ces derniers râleront pour ces deux idées … mais le remercieront dans quinze ans.
Le mensonge de l’année ?
Le péril fasciste durant l’entre-deux tours. Non pas parce que l’extrême-droite n’avait aucune chance d’arriver au pouvoir (l’Histoire nous montre bien que tout est toujours possible), mais parce que Marine Le Pen est nulle. Il était certain qu’elle allait exploser en vol.
L’article que tu as préféré écrire pour le Nouveau Cénacle ?
Michel Onfray est (lui aussi) un symptôme de décadence. J’ai été absolument effaré par ses élucubrations concernant l’historicité de Jésus. Heureusement, Jean-Marie Salamito l’a corrigé de la meilleure des façons dans son essai ! Être historien ne s’improvise pas … Encore moins philosophe.
L’article que tu as préféré lire sur le Nouveau Cénacle ?
Comme Christophe Bérurier, je choisis Salluste et les derniers instants de la République romaine de Charles Guiral. Un article qui illustre le plaisir que j’ai à animer Le Nouveau Cénacle, un média qui propose – gratuitement – du contenu parfois exigeant mais varié et inédit.
L’article que tu aurais aimé écrire sur le Nouveau Cénacle ?
J’aurais aimé écrire une diatribe contre Patrick Boucheron, à l’instar de ce que j’ai pu rédiger concernant Onfray. Ce n’est pas pour rien s’il est une référence pour Emmanuel Macron (et vice-versa) : son affligeante déconstruction de l’histoire de France (pleine d’anachronismes et d’incohérences) vise avant tout à abolir toute attache nationale pour que règne la mondialisation économique et culturelle. Son livre et ses propos m’ont tellement agacé que j’ai préféré laisser passer la colère pour me concentrer sur des articles concernant des livres qui en valent – vraiment – la peine.