Nous clôturons ce questionnaire 2017 avec les réponses de Benjamin Fayet.
Le mot qui selon toi résume l’année 2017 ?
L’hystérie. Elle fut partout et tout le temps en 2017. Du plus haut sommet de l’État jusqu’à la masse grouillante des charognes et des harpies des réseaux dits sociaux. Le monde sembla pendant ces 365 jours dans un état presque frénétique. Dans cette accélération du temps et des émotions, on a pu voir des lynchages médiatiques quotidiens, un président milliardaire jouer la paix du monde sur 180 caractères ou les Américains au bord de la guerre civile pour de simples statues… Quant à nous Français malheureusement, après la désastreuse présidence Hollande, ce n’est qu’après une hystérique campagne électorale de près de neuf mois que Macron a réussi sa formidable OPA sur la plus vielle Nation d’Europe. Décidément oui, l’hystérie est pour moi le mot de l’année.
L’évènement de 2017 ?
L’élection d’Emmanuel Macron qui, même si je n’ai pas voté pour lui, me laisse admiratif. Une blitzkrieg politique menée avec autant de précision et de talent ne peut l’avoir été que par un stratège de grand talent. Je suis persuadé qu’il a écrasé toute concurrence jusqu’en 2020 et que le macronisme est amené à durer au moins dix ans. Bon courage à mes amis insoumis du site Le Comptoir. Moi je me réfugie dans la contemplation stoïque du théâtre politique.
Ton meilleur livre lu cette année ?
J’ai relu cette année l’admirable cycle La Révolution de Robert Margerit, auteur trop méconnu du Limousin et prix Renaudot 1951, Pour vous donner envie de le lire, Gracq écrivit à son propos : « Le seul roman français qui m’ait vraiment intéressé depuis la Libération, est un roman obscur de Robert Margerit, Mont-Dragon. » En tant qu’historien de formation, j’aimerais aussi citer le meilleur livre d’histoire de l’année qui fut pour moi Joseph Fouché, dossiers secrets (Tallandier) d’Emmanuel de Waresquiel qui est comme toujours avec les écrits de cet historien un mélange d’érudition et d’élégance stylistique.
Ton meilleur film de l’année ?
La La Land évidemment car c’est déjà pour moi un grand classique dans la lignée des plus grandes comédies musicales d’Hollywood. Il faut vraiment faire la fine bouche pour ne pas voir que ce film est une merveille.
L’émission radiophonique de l’année ?
La Compagnie des auteurs sur France Culture comme Julien Leclercq même si je ne suis pas d’accord avec lui à propos de Jacques Bonnaffé dont la lecture des poèmes m’est absolument détestable. Je lui préfère évidemment la diction élégante de Jérôme Gallienne.
L’album le plus écoute cette année ?
Je n’écoute plus que des chants grégoriens en tant qu’agnostique convaincu par le génie du christianisme.
La personnalité de l’année ?
Donald Trump évidemment. Mon anti-américanisme primaire est conforté par l’élection de cet enfant capricieux et grossier à la tête de la première puissance du monde. Souhaitons que la France gagne à cet affaiblissement américain et que nous évitions toutefois un conflit nucléaire avec la Corée du Nord.
Le mensonge de l’année ?
Je ne pouvais pas ne pas citer Anne Hidalgo pour l’ensemble de son œuvre en 2017. Ses mensonges sur les dépenses des futurs Jeux Olympiques sont un modèle de « fake news ».
L’article que tu as préféré écrire pour le Nouveau Cénacle ?
Je n’ai écrit qu’un article cette année. La réponse est facile, il s’agit donc de mon entretien avec Thierry Lentz pour son livre Le Diable sur la montagne (Perrin).
L’article que tu as préféré lire sur le Nouveau Cénacle ?
J’ai beaucoup aimé l’article « Salluste et les derniers instants de la république romaine » mais je crois que celui qui m’a le plus amusé fut le « Précis à l’attention des artistes : Les 10 commandements du discours de l’indigné » d’Andrés Rib. Après le discours d’Oprah Winfrey aux Golden Globes, l’article est plus que jamais d’actualité.
L’article que tu aurais aimé écrire sur le Nouveau Cénacle ?
L’article sur le petit Glucksmann de ce cher Andrés Rib encore que j’ai attendu tout l’été fébrilement et qui m’a toutefois un peu déçu par sa douceur presque bienveillante quand j’attendais du sang. Même au prix d’un peu de malhonnêteté j’aurais été plus féroce.